Cet article date de plus de dix ans.

Un bénévole de la Croix-Rouge au tribunal pour avoir aidé un sans-papier

Léopold Jacquens, un retraité du Havre, est soupçonné d'avoir établi une fausse attestation d'hébergement pour une Congolaise sans-papier. Il est convoqué par le tribunal correctionnel ce mardi, alors que le délit de solidarité a été abrogé.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Franceinfo (Franceinfo)

Léopold Jacquens est l'un de
ces militants ou simples citoyens qui aident les sans-papiers, et dont on avait
beaucoup parlé en 2009 avec le film Welcome . Ils sont censés ne plus être hors
la loi depuis décembre 2012, depuis que le délit de solidarité a été abrogé. Or, cet ancien bénévole de la Croix-Rouge du
Havre doit se présenter devant le tribunal correctionnel ce mardi. Il est
accusé d'avoir établi une fausse attestation d'hébergement à une sans-papier.

Sa convocation a été envoyée au
début de l'été, alors que l'histoire remonte à plus d'un an. Léopold Jacquens reçoit alors
une femme congolaise sans-papier dans un local de la Croix-Rouge où il est bénévole. "Comme
elle ne connaissait personne, je lui ai donné mon adresse
", raconte ce
retraité, "à la sous-préfecture, si vous n'avez pas une adresse au Havre,
vous ne pouvez pas commencer votre domiciliation
", explique-t-il. Quelques
mois plus tard, la police débarque chez lui pour le convoquer au commissariat
et lui signifier qu'il a une amende à payer, "j'ai refusé en disant
que ce n'était pas logique
".

Jusqu'à un an de prison

Avec l'abrogation du délit de
solidarité l'année dernière, Léopold Jacquens, pense qu'il ne risque plus rien, mais le tribunal
lui reproche désormais "de faux et usage de faux parce que la dame n'habite
pas
" chez lui.

L'ancien bénévole se justifie
en expliquant qu'il a juste fait un certificat pour donner une "adresse postale ". Le
procureur estime quand à lui, que l'hébergement doit être "réel ",
le mobile humanitaire ne fait pas disparaître l'infraction. Léopold Jacquens
risque jusqu'à un an de prison et 15.000 euros d'amende.

Pour la Ligue des droits de l'Homme
du Havre, cette affaire entre "dans la politique de harcèlement des
militants associatifs. Faire peur aux gens pour qu'ils rentrent dans le rang et
qu'ils n'enfreignent pas la loi
", estime sa présidente, Marie-Hélène Boileau. Elle
se défend : "On ne favorise pas le séjour de personnes en illégalité,
au contraire, on fait tout pour qu'ils puissent obtenir une régularisation, on
devrait nous remercier, pas nous faire des procès
".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.