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Une expertise psychiatrique décrit "l'emprise" qu'avait Tariq Ramadan sur ses principales accusatrices

Le docteur Daniel Zagury estime dans ses conclusions que cette dimension d'emprise se retrouve dans les relations nouées avec les deux principales plaignantes, Henda Ayari et une femme surnommée Christelle.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Tariq Ramadan arrive au Palais de justice de Paris, le 13 février 2020. (THOMAS SAMSON / AFP)

Un expert psychiatre saisi par la justice a estimé que les principales accusatrices de Tariq Ramadan ont, en partie sous "emprise", accepté d'avoir des relations intimes avec l'islamologue. Elles n'ont toutefois pas consenti aux actes sexuels d'une "extrême violence" qu'il leur a fait subir, selon les conclusions consultées mardi 19 mai par l'AFP.

Les juges d'instruction parisiens, qui ont mis en examen l'islamologue suisse pour les viols de quatre femmes, avaient demandé à un expert judiciaire de déterminer si les liens instaurés par Tariq Ramadan avec elles relevaient "d'une relation d'emprise". Le débat sur cette notion s'est imposé au cœur de ce dossier dans lequel les accusatrices ont parfois été mises en difficulté par la révélation d'échanges jugés "ambivalents" par les enquêteurs.

Des rapports sexuels violents non consentis

Le docteur Daniel Zagury estime dans ses conclusions que cette dimension d'emprise se retrouve dans les relations nouées avec les deux principales plaignantes, Henda Ayari et une femme surnommée Christelle. Ces deux femmes disent avoir été violées respectivement en 2012 et en 2009. Cette dimension d'emprise "éclaire essentiellement la phase postérieure aux faits, rendant compte de l'ambivalence des sentiments et réactions et de la persistance du lien dans la durée", estime l'expert. 

Concernant Henda Ayari, "pour la phase antérieure, il convient de considérer également l'intensité des sentiments amoureux qui l'ont amenée à consentir à une relation sexuelle", poursuit-il. L'expert estime par ailleurs qu'"il serait erroné de considérer que seule l'emprise a conduit [Christelle] à consentir à une rencontre sexuelle". Mais pour les deux femmes, il conclut, à l'identique : "Ce à quoi elle n'a pas consenti, c'est aux actes qu'elle décrit comme un mélange d'extrême violence et d'absence de considération pour son propre désir et sa dignité".

Concernant une troisième plaignante, une femme de 37 ans apparue l'an dernier dans l'enquête, l'expert note que "si emprise il y a eu, c'est celle de l'état amoureux de X qui a vite cédé devant le constat de l'écart entre ses attentes et la nature de celles de Monsieur Ramadan". "C'est d'un autre ordre qu'un viol physique, (...) il y a un viol moral", avait expliqué cette femme aux enquêteurs au sujet de ses deux rencontres avec l'islamologue en mars 2016 à Paris.

Une emprise qui établit "la contrainte" du viol

Cette expertise est "une démonstration magistrale, scientifique et implacable qui vient corroborer ce que le dossier dit depuis maintenant deux ans et demi et qui explique les accusations portées par les plaignantes", a réagi l'avocat de Christelle. Pour l'un des avocats d'Henda Ayari, "cette expertise vient caractériser l'emprise instaurée par Monsieur Ramadan", et donc établir "la contrainte" qui constitue la définition pénale du viol. 

Les avocats de Tariq Ramadan, qui contestent vivement la dimension d'emprise sur les plaignantes, n'étaient pas disponibles dans l'immédiat pour réagir. Après avoir nié toute relation extraconjugale, le prédicateur a dû changer de version face aux abondantes correspondances sexuelles exhumées par les enquêteurs. Il plaide désormais des "relations de domination", rudes mais "consenties".

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