Tanit : la veuve de l'otage tué raconte l'assaut et sa colère
D'après la jeune femme de 34 ans, l'opération menée par les
forces françaises pour libérer l'équipage du Tanit était "plus angoissante
que celle des pirates ". Devant la cour d'assises de Rennes, celle qui
tient désormais un gîte à Madagascar, a d'abord raconté ce mardi le périple de
sa famille.
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Kalachnikovs sur la tête
Quelques mois après avoir embarqué de Vannes avec son mari et son
enfant de trois ans, Chloé Lemaçon se retrouve le 4 avril 2009 face à cinq
preneurs d'otages à 900
kilomètres des côtes somaliennes.
Dès le premier jour, un avion survole le voilier à plusieurs
reprises. Puis une frégate française fait son apparition alors que le navire
est dirigé vers la Somalie. Les pirates "commencent à avoir peur, nous
aussi ". A chaque fois que le bâtiment français s'approche trop près, les preneurs d'otages pointent leurs
kalachnikovs sur la tête de l'équipage.
La présence militaire "plus angoissante que les pirates "
"Nous avons toujours pensé avec
Florent que les interventions militaires ce n'est que de la violence pour
répondre à la violence ", lance Chloé Lemaçon. Au final, la présence
militaire est "plus angoissante que celle des pirates ".
Après plusieurs jours de négociations, les forces françaises
décident de donner l'assaut. Le 10 avril, alors que la famille est réfugiée à
l'arrière du bateau, des soldats débarquent sur le pont. "J'ai aperçu ce
militaire au dessus par le hublot du plafond qui était ouvert. Florent se lève
juste un peu pour dire 'à l'avant, à l'avant' ", pour indiquer où sont les
pirates et "trente secondes plus tard Florent est allongé sur moi et
mort ", explique-t-elle.
"Il s'est juste mis debout "
D'après l'armée, le commando a fait feu sur un
individu "menaçant". "On se fout de nous M. le président,
Florent avait les mains en l'air, il n'était pas menaçant, il s'est juste mis
debout ", s'emporte la jeune femme. "Ma colère est beaucoup plus tournée vers le pouvoir que vers
les exécutants ", assure Chloé Lemaçon.
Devant les trois accusés, elle
lance devant la cour d'assises : "Je ne suis pas ici pour les défendre, ni pour les accuser plus qu'ils ne le
sont ". Les trois Somaliens jugés à Rennes comparaissent pour "détournement de navire par violence ou menace, arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire de plusieurs personnes commis en bande organisée ". Ils encourent la réclusion criminelle à perpétuité.
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