Réforme pénale : vers un texte édulcoré ?
Avec sa réforme pénale que le Parlement devrait examiner au printemps 2014, la garde des Sceaux Christiane Taubira avait l'intention d'imposer sa marque.
Le texte, dont le site internet du Point s'est procuré une copie, comprend quelques mesures phares pour lutter contre la récidive comme la peine d'emprisonnement en tout dernier recours pour les délinquants, la libération automatique des prisonniers au deux tiers de leurs peine
ou encore la suppression du mandat de dépôt obligatoire pour les récidivistes.
Les deux ministres divisés
Problème : ces mesures ont fait bondir le très sécuritaire Manuels Valls. Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on parle d'une réforme emprunte d'idéologie,
qui ne serait jamais passée dans l'opinion. Place Beauvau, il se murmure que le premier fait divers mettant en cause un récidiviste conduirait directement au "suicide assuré ".
Fin juillet, l'ancien maire d'Evry avait d'ailleurs fait part de son désaccord dans une lettre envoyée au président de la République. La révélation du contenu de cette missive dans Le Monde la semaine dernière avait mis au grand jour les divisions entre les deux ministres.
Pour mettre un terme à la polémique, Valls avait dû affirmer son intention de travailler "main dans la main " avec Christiane Taubira. Les deux ministres se sont affichés ensemble et souriant ce lundi lors du séminaire de rentrée du gouvernement.
Un texte édulcoré en préparation
Au-delà de cet épisode, et fort de sa popularité dans les sondages, Manuel Valls a su convaincre François Hollande de recadrer la garde des Sceaux. Plusieurs réunions inter-ministérielles vont se tenir afin de trouver un consensus sur les questions qui divisent les ministres, et un nouveau texte de réforme pénale sera rédigé d'ici à 15 jours. Un texte qui s'annonce édulcoré, vidé de sa substance idéologique.
Le texte prévoit entre autre que la peine d'emprisonnement ne soit infligée qu'en tout dernier recours, ou encore que la sortie aux 2/3 de la peine devienne un principe pour les personnes condamnées à des peines de moins de cinq ans de prison. Pour Patrice Ribeiro, le secrétaire général du syndicat de police Synergie Officiers, ces "messages " vont "inciter " les multirécidivistes "à commettre plus de méfaits ".
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