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Après "Hors la loi", cinq enseignements sur le monde judiciaire

Le dernier volet de ce documentaire est diffusé ce soir à 22h25, sur France 2. Une procureure et un avocat le jugent "très fidèle" à la réalité, et en tirent plusieurs leçons.

Article rédigé par Yann Thompson
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Un prévenu arrive au palais de justice d'Angers (Maine-et-Loire), le 26 mai 2005. (FRANK PERRY / AFP)

C'est une première dans le monde de la justice : avec sa série Hors la loi, le réalisateur François Chilowicz s'est immergé pendant quatre ans aux côtés de six justiciables à Toulouse, de leur interpellation à leur sortie de prison, en passant par leur garde à vue et leur procès. Après les deux premiers volets, Entrer en prison et Rester en prison, France 2 diffuse, mardi 26 février, à 22h30, le dernier volet de la trilogie, Revenir en prison.

L'avocat Christian Etelin et la procureure Claudie Viaud, qui apparaissent respectivement dans le premier et le second volet, livrent à francetv info leurs impressions. Ils jugent le documentaire "extrêmement fidèle" à la réalité et ils en retiennent cinq enseignements sur le monde de la justice en France.

A toute la chaîne pénale, tu t'intéresseras

Lors des trois volets, le téléspectateur est invité à se mettre dans la peau du justiciable, tout au long de son parcours. Il rencontre une variété d'acteurs : des policiers, des avocats, des magistrats, des agents de l'administration pénitentiaire, des travailleurs sociaux, des médecins...  Mais tous ces intervenants se connaissent-ils ? "En tant que procureure, je connais bien ce qui relève de l'arrestation et de l'enquête, mais moins ce qui se passe ensuite en prison", reconnaît Claudie Viaud, pour qui le documentaire a permis de "visualiser ce que je ne savais qu'intellectuellement, sans l'avoir vu".

Le doute, tu accepteras

"Le documentaire montre nos réflexions et nos doutes et ne nous réduit pas à des personnes froides et sûres d'elles", se réjouit Claudie Viaud. Cette ancienne éducatrice spécialisée estime que "le doute est nécessaire" chez les magistrats, car "rien n'est blanc ou noir, les affaires sont toujours en demi-teinte" même si, en fin de compte, "le propre du métier est de trancher, de décider". L'avocat Christian Etelin estime que "les procédures se jouent à peu de choses, à la mentalité du juge, à sa capacité à privilégier le doute ou ses préjugés".

A l'urgence, tu t'habitueras

Pour Christian Etelin, Hors la loi met en lumière les "défauts de la comparution immédiate", qu'il compare à "un véritable laminoir" où "tout va très vite et on n'a pas le temps de bien exposer les éléments à décharge". Pour preuve, cette affaire de cambriolage, où le prévenu affirme que les faits ont été commis par une de ses connaissances à qui il avait prêté sa voiture. "A aucun moment, les magistrats ne vont chercher si ce type existe vraiment", s'insurge-t-il, dénonçant la "pauvreté des investigations""On travaille toujours dans l'urgence, sans pouvoir approfondir comme on le voudrait", déplore aussi Claudie Viaud.

A la misère, tu t'adapteras

Dans le documentaire, les professionnels de la justice, notamment les magistrats, dialoguent avec des justiciables qui souvent n'appartiennent pas au même milieu social qu'eux. La différence est notable dans le langage. Ces justiciables "ne savent pas bien s'expliquer, arrondir les anglesconstate Christian Etelin, et ils dégagent souvent une impression d'arrogance et un manque d'éducation qui les desservent." Pour beaucoup de professionnels, "le début de carrière est la découverte d'une certaine pauvreté, selon Claudie Viaud. Nous avons affaire à une grande misère financière, sociale, affective..."

Le rôle de la prison, tu questionneras

La diffusion de Hors la loi vient "à point nommé", selon Christian Etelin. "Avec la Conférence de consensus, le ministère semble s'engager vers un autre traitement de la récidive, constate-t-il. Ce film montre que la prison a peu de chances d'être efficace contre la récidive." La procureure Claudie Viaud remet aussi en cause l'enfermement, "parfois nécessaire pour répondre à une infraction grave", mais "qui peut se révéler catastrophique pour des jeunes qui n'ont pas fini de se structurer". Pour elle, le plus urgent est d'accompagner les personnes après leur sortie de prison, pour ne pas qu'elles y retournent.

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