Cet article date de plus de douze ans.

Quatre anciens militaires de la force Licorne jugés pour le meurtre d'un Ivoirien

La cour d'assises de Paris juge à partir de ce mardi quatre anciens militaires français de la force Licorne en Côte d'Ivoire. Ils sont accusés d'avoir tué en 2005 Firmin Mahé, un jeune Ivoirien. Les militaires affirment avoir reçu l'ordre de l'éliminer.
Article rédigé par Baptiste Schweitzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Maxppp)

C'est la première fois depuis
la guerre d'Algérie que l'armée fait face à des accusations aussi graves.
Quatre militaires français, dont un colonel, sont jugés à partir de ce mardi par la cour d'assises
de Paris pour le meurtre d'un jeune Ivoirien, Firmin Mahé le 13 mai 2005.

Les quatre militaires sont
accusés d'avoir étouffé avec un sac plastique le jeune homme alors qu'il était
transporté dans un véhicule blindé français. Firmin Mahé était soupçonné par l'armée
française d'être un "coupeur de route". Un criminel attaquant les voyageurs dans
le pays déchiré par une guerre civile qui avait éclaté trois ans plus tôt.

"Rouler doucement"

Après son arrestation musclée,
Firmin Mahé aurait été mollesté et le colonel Éric Burgaud aurait ordonné à ses
hommes de le mettre à mort. Le colonel affirme depuis le début avoir demandé à ses hommes de le
laisser mourir de ses blessures. Il a expliqué, lors de l'instruction, que le général
Poncet lui avait donné l'ordre implicte de "rouler doucement". Le
général, qui a toujours nié, a été blanchi par la justice. Lors du procès, il sera entendu
comme témoin, de même que l'ancienne ministre de la Défense de l'époque,
Michèle Alliot-Marie.

L'avocat du colonel, maître
Alexis Gublin, a expliqué que son client " allait reconnaître avoir transmis
l'ordre implicte que Mahé arrive mort
" tout en déplorant que le général
Poncet " n'ait pas eu le courage de prendre ses responsabilités " .

" Un ordre libérateur "

L'avocat d'un autre accusé – l'adjudant-chef Raugel soupçonné
d'avoir étouffé Firmin Mahé – précise que son client a toujours dit ce qu'il
avait fait. Selon maître Jacques Trémolet de Villers : 

"Il a mis fin aux
jours de Mahé sur ordre de son colonel"
.

" Un ordre qu'il trouvait libérateur, parce qu'il ne savait pas quoi faire du coupeur de
route
" , explique l'avocat. En plein conflit ethnique, " il se disait : 'si je le
remets au nord, il sera tué à la machette, si je le remets au sud, il sera libéré
et continuera'
" .

Les deux autres accusés sont
soupçonnés d'avoir aidé Guy Raugel à étouffer Fimin Mahé et de ne pas avoir
dénoncé les faits. Ce sont d'autres militaires qui ont finalement alerté les autorités.

Erreur sur la personne ?

Les quatre accusés ont désormais quitté l'armée. La
défense entend, par ce procès, mettre en lumière les difficultés pour les
militaires de la force Licorne de maintenir l'ordre dans le pays, sans cadre
juridique.

Pour les proches de Frimin Mahé, qui expliquent que le jeune homme n'a jamais été un bandit, il y a eu
erreur sur la personne. Ils comptent sur ce procès pour "réhabiliter"
Firmin Mahé.

 

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