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Propos de Guerlain sur les "nègres" : "J'ai voulu faire rire la journaliste"

"Je présente toutes mes excuses à la communauté noire pour cette imbécillité" a déclaré le parfumeur de 75 ans, jugé pour "insulte raciale" à Paris.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Jean-Paul Guerlain arrive au tribunal correctionnel de Paris où il est jugé pour "insulte raciale", le 9 février 2012. (OLIVIER LEJEUNE / LE PARISIEN / MAXPPP)

Seize mois après ses propos sur les "nègres", Jean-Paul Guerlain a présenté ses excuses jeudi 9 février devant le tribunal correctionnel de Paris. L'un des grands "nez" du XXe siècle est poursuivi pour "insulte raciale" par plusieurs associations. Le 15 octobre 2010, sur le plateau de France 2, l'héritier de la maison Guerlain avait déclaré : "Je me suis mis à travailler comme un nègre. Je ne sais pas si les nègres ont toujours tellement travaillé, mais enfin..." Un déluge de protestations et d'appels au boycott avait suivi, en dépit des excuses présentées par le parfumeur.

"La première partie de ma phrase est une phrase que j'ai entendue toute ma jeunesse quand je travaillais dans le jardin de mon grand-père. Je suis d'une autre génération", s'est justifié Jean-Paul Guerlain au tribunal, appuyé sur deux béquilles. C'était "une expression courante à l'époque (...). Quant à l'autre phrase, c'est une imbécillité de ma part, j'ai voulu faire rigoler la journaliste et je le regrette", a poursuivi le parfumeur de 75 ans, vêtu d'un de ses éternels complets trois pièces.

Jean-Paul Guerlain au tribunal correctionnel de Paris (FTVi)

Longs séjours dans les anciennes colonies d'Afrique

"Je présente toutes mes excuses à la communauté noire pour cette imbécillité", a répété à plusieurs reprises celui qui a lancé une quarantaine de parfums aux inoubliables fragrances, de Vétiver à Habit rouge, en passant par Samsara ou Jardins de Bagatelle. "Je suis tout sauf raciste", a-t-il martelé, racontant ses premières rencontres avec les Noirs américains qui, à la Libération, lui "ont fait découvrir le chewing-gum et le Coca-Cola".

"Je ne me sens pas du tout coupable car je n'ai jamais été raciste, bien au contraire. Je passais la moitié de mon temps en Côte d'Ivoire, au Sénégal et en (...) Guinée-Bissau" pour prélever la matière première nécessaire aux parfums, a-t-il raconté.

Les parties civiles se sont ensuite succédé à la barre pour dénoncer ce "racisme ordinaire", imprégné de clichés coloniaux. Le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), SOS Racisme et l'association Noir et Fier ont été rejoints après le dépôt de plainte, en 2010, par la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra). Le tribunal devait mettre sa décision en délibéré à l'issue du réquisitoire et des plaidoiries de la défense.

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