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Procès des attentats du 13-Novembre : dans le public des habitués, toujours la même envie de "comprendre"

Une semaine cruciale s'ouvre au procès des attentats du 13-Novembre. Au 100e jour d'audience, la cour d'assises spéciale entre seulement dans le cœur du dossier. Le public devrait affluer dans la salle de retransmission.

Article rédigé par Mathilde Lemaire
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
La salle des pas perdus de la cour d'assises spéciale, au Palais de justice de Paris, le 15 mars 2022. (DANIEL FOURAY / MAXPPP)

Au centième jour d'audience du procès des attentats du 13-Novembre, lundi 28 mars, il y a toujours les barrières, le portique de sécurité et les gendarmes en tenue à l'entrée de la salle de 80 places, située dans le palais de justice à l'opposé de la grande salle d'assises. Une salle au parquet, lustres anciens et bancs aux rembourrages fatigués. Ici, il faut éteindre son portable : le calme est de rigueur même si le box reste vide.

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Après sept mois d'audience, Salah Abdeslam et les autres accusés sont interrogés cette semaine sur les ultimes préparatifs avant le massacre, et sur la soirée et la nuit du 13 novembre 2015. Jusque là, les interrogatoires ont été découpés en séquences chronologiques et le public s'est clairsemé à mesure que la cour décortiquait les mois puis les jours qui ont précédé les attaques.

C'est sur un écran géant que l'on suit l'audience aux côtés des curieux, des citoyens sensibles à la chose judiciaire. Une majorité sont retraités, comme Geneviève, ancienne professeur d'histoire-géographie. "J'avais une grande curiosité de voir qui étaient ces jeunes, comprendre comment tout à coup ils déclenchent des événements aussi sordides", confie-t-elle.

"J'ai vu des jeunes ordinaires, dont les parents ne s'occupaient pas, qui n'avaient pas de modèle, qui ont eu l'impression de participer à quelque chose qui les élevaient."

Geneviève, retraitée

à franceinfo

Geneviève connaît le nom de tous les accusés et ne manque pas les temps forts. Elle vient en moyenne deux jours par semaine et a sympathisé au fil des semaines avec des seniors plus assidus qu'elle encore. "Ça crée une confraternité, acquiesce-t-elle. Chacun y va de son interprétation, et puis il y a des gens qui connaissent la justice, qui informent les autres, qu'est-ce qui est intéressant ou non... On m'a dit : il faut absolument venir mardi parce qu'il y a Mohamed Abrini qui va faire des révélations."

"Il y a tant d'émotions"

L'autre moitié du public est constituée de jeunes, de lycéens et d'étudiants. "J'aimerais bien voir un petit peu plus l'ambiance à l'intérieur mais c'est super intéressant déjà",  juge Oyanna. À 22 ans, la jeune femme veut devenir journaliste. "On n'a pas la même sensation mais le principal, le contenu est là." Ce jour-là, l'interrogatoire de Sofiane Ayari, compagnon de cavale de Salah Abdeslam, a de manière inattendue touché Oyanna. "L'accusé qui a réagi à la question de son avocat, disant que pour lui, il ne voulait pas parler parce que de toute façon, il n'y avait pas d'espoir", raconte-t-elle.

"C'est difficile de ne pas avoir un peu de compassion, de bienveillance."

Oyanna, étudiante

à franceinfo

Sur le banc derrière Oyanna est assise Sophia, une étudiante new-yorkaise en droit international. "Dans ce genre d'affaires, il y a tant d'émotions, confie-t-elle. Malgré cela, ils ont le droit à un procès juste et le travail de leurs avocats est intéressant. Le système judiciaire français est plus juste : chez nous, l'accusé doit prouver qu'il est innocent, alors qu'ici, il est présumé innocent, l'accusation doit prouver qu'il est coupable. Et puis Abdeslam, chez nous, il risquerait la peine de mort ou 600 ans de prison. Les peines ont plus de sens ici."

Des peines qui ne seront prononcées que fin juin. Pour ce jour-là comme pour les autres temps forts, une deuxième salle de retransmission est prévue pour le public.

Le public du procès des attentats du 13-Novembre - Reportage de Mathilde Lemaire

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