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Nord : l'association Emmaüs lance un "audit" après l'ouverture d'une enquête pour "travail dissimulé" dans une de ses antennes

Des compagnons de la communauté Emmaüs de Saint-André-lez-Lille sont en grève depuis début juillet pour demander un traitement digne et des perspectives de régularisation.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
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Une boutique d'Emmaüs à Paris, le 25 mars 2023. (DELPHINE GOLDSZTEJN / MAXPPP)

Des compagnons en situation irrégulière y sont en grève et s'estiment exploités. L'antenne d'Emmaüs à Saint-André-lez-Lille (Nord) est visée par une enquête pour "traite d'êtres humains" et "travail dissimulé", a rapporté vendredi 14 juillet le parquet de Lille. Cette enquête préliminaire a été ouverte en mai et confiée à la Brigade mobile de recherche zonale et l'Office central de lutte contre le travail illégal, a précisé le parquet, confirmant une information du site Street Press.

"Nous allons lancer un audit externe dans les plus brefs délais", a réagi l'organisation caritative dans un communiqué jeudi, ajoutant que "les faits évoqués, dont nous n'avions pas connaissance, sont particulièrement graves et choquants, s'ils sont avérés". Emmaüs France a également demandé aux responsables locaux d'Emmaüs de mettre "en retrait" la directrice de la communauté concernée, Anne Saingier, également présidente Emmaüs Nord-Pas-de-Calais/Picardie, afin de "garantir la protection des personnes accueillies que celle de cette dernière, actuellement au centre de tensions grandissantes".

"Ils nous traitent ici comme des cochons"

Des compagnons de la communauté Emmaüs à Saint-André-lez-Lille sont en grève illimitée depuis début juillet pour demander un traitement digne et des perspectives de régularisation. Les grévistes, tous en situation irrégulière, sont hébergés depuis plusieurs mois à plusieurs années dans cette communauté et déclarent avoir travaillé dans des conditions difficiles, avec l'espoir d'être régularisés après trois ans de travail.

"Ils nous traitent ici comme des cochons", déplore un Guinéen de 28 ans, préférant taire son nom. "Je travaille du mardi au samedi, de 8 heures à midi et de 13 heures à 17 heures, pour un volume horaire total de 40 heures par semaine... avec un salaire mensuel de 200 euros, dont 50 euros de loyers et de charges." "Récemment lors d'une réunion, Anne Saingier nous a dit qu'il n'était plus sûr de bénéficier d'une régulation au bout de trois ans (...) qu'on peut faire cinq voire 10 ans. C'est là que les gens ont commencé à se réveiller", poursuit un Congolais.

Les membres des communautés ne sont pas des "employés ou salariés", mais des "travailleurs solidaires", qui sont "nourris, logés et perçoivent une allocation mensuelle", souligne Emmaüs France dans son communiqué. Ceux qui y vivent depuis "au moins 3 ans peuvent se voir délivrer une carte de séjour temporaire", ajoute l'association, mais si les communautés "appuient" ces demandes, "la décision revient aux préfets".

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