Mosquée de Poitiers : quatre "identitaires" mis en examen
"A Poitiers, ni
kebab, ni mosquée ", ou "Gaulois, réveille-toi, pas de mosquée chez
toi ", scandaient-ils samedi, mégaphone appelé en renfort. Interpellés,
déférés devant un juge d'instruction puis mis en examen : la justice n'a
pas perdu de temps pour s'occuper du cas de quatre des soixante treize
militants d'extrême droite qui ont investi, samedi, le toit de la future mosquée
de Poitiers. Pour y déployer des banderoles
évoquant selon eux la victoire de Charles Martel sur les Arabes à Poitiers en
732, comme pour mieux alerter sur "l'islamisation de la France ".
Agés de 23 à 26 ans, aucun
d'eux n'a d'antécédent judiciaire. Trois d'entre eux indiquent être membres
de "l'organe décisionnel" de l'association Génération identitaire.
Provocation à la haine,
vols et dégradations
Motifs de la mise
en examen : "organisation d'une manifestation publique n'ayant pas fait
l'objet d'une déclaration préalable dans les conditions fixées par la loi ".
Mais surtout "provocation publique à la discrimination, à la haine ou à
la violence à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes à raison de
leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une
religion déterminée, par des discours proférés dans un lieu ou réunion publics
et par des placards ou affiches exposées au regard du public ". Et enfin, sauf
pour l'un d'entre eux, "vol et dégradations de biens commis en réunion et
portant sur des tapis de prière appartenant à la mosquée de Poitiers ",
pour lequel ils risquent cinq ans de prison.
Interdits d'activité
associative
Placés sous contrôle
judiciaire, ils sont interdits de toute activité associative ou sociale en lien
avec la mouvance identitaire, de sortir des limites territoriales du département
de leur domicile -avec obligation de pointage hebdomadaire auprès des services
de police- et d'avoir des contacts avec toutes les personnes ayant participé à
la manifestation...
Marine Le Pen condamne
la méthode, du bout des lèvres
Quasi unanime, la classe
politique a condamné l'action du mouvement, certains appelant à la dissolution
de ce type de groupuscules identitaires. Marine Le Pen a indiqué ne pas
approuver leurs méthodes, sans pour autant condamner l'action du groupe, en
dénonçant au passage l'hystérie de la
classe politique, alors même qu'elle comprenait les "craintes et
préoccupations de la construction de ces gigantesques mosquées ".
Opération reconquête
pour les Identitaires
Du pain béni pour ces
jeunes identitaires qui tentent une opération de communication de grande ampleur, à deux semaines de leur congrès national à Orange, organisée par Génération identitaire,
le Bloc identitaire et Les identitaires. La fédération départementale du Parti communiste a demandé au préfet du
Vaucluse l'interdiction de la convention, tandis que Christian Vanneste, l'ancien
député UMP du Nord, notamment connu pour ses sorties contre le mariage
des homosexuels, a confirmé qu'il y serait présent.
Le Bloc identitaire n'a
jamais réussi à s'imposer devant le Front national ou à s'allier avec lui. Sans
véritable soutien, tout au plus ont-ils réussi à arracher 7,8% des voix lors d'une
cantonale partielle à Nice. Alors, si
leur discours n'a pas changé, leur communication, elle, est devenue plus
subtile : plus question d'affrontement physique, au risque de s'exposer à
une dissolution ou de paraître comme des alliés encombrants à l'approche d'une
élection. Un apéro saucisson-pinard par ci, un autocollant par là. Pas de vagues. Ou juste assez pour porter le message : avec un
discours sur l'islam en phase avec celui qui résonne chez une partie de la
classe politique, dix ans après la dissolution d'Unité radicale, le groupe d'extrême
droite, les Identitaires sont effectivement de retour.
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