Montpellier : deux gendarmes jugés pour avoir joué "les sbires"
Cette affaire "hors norme" qui se retrouve mercredi devant le tribunal correctionnel de Montpellier, c'est l'avocat d'une des victimes, Me Luc Abratkiewicz, qui la résume : "C'est des salariés qui ont été virés manu militari par un patron, avec l'aide de deux gendarmes qui ont joué les gros bras . On a obtenu des démissions avec des pressions inacceptables. Dans ce dossier, on a un concessionnaire automobile qui s'octroie les services de deux gendarmes qui sont ses deux sbires, et s'occupent pour lui de la gestion de son affaire ". Ils sont quatre parties civiles. Trois présumées victimes de ces agissements en 2010. Un autre en 2011.
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"Ils m'ont dit personnellement qu'ils allaient être le pire de mon cancer "
Un des salariés témoigne. Il raconte avoir été convoqué par son patron le 31 août 2010, comme deux autres collègues, un par un, pour être poussés à signer une lettre de démission, "dans la même après-midi ", insiste-t-il la voix tremblante. "Ils m'ont dit personnellement qu'ils allaient être le pire de mon cancer ".
Les dénégations des gendarmes
Pourtant, les militaires nient avoir été présents lors de ces entretiens pour trois des quatre cas recensés par la justice, et ne reconnaissent qu'une "erreur isolée ", selon leur avocat Me Jean-Robert Phung : "Il y aurait d'un côté d'affreux gendarmes ripoux et un concessionnaire richissime qui achète tout y compris la probité des gendarmes, et de l'autre, des pauvres salariés auxquels on extorque la démission : ça, c'est de la caricature , martèle-t-il. Ils reconnaissent une partie des faits qui relèvent plus du manque de discernement que d'une attitude délinquantielle. Ils ont fait ça par simple amitié et par stupidité ". Le concessionnaire enfin explique que ces salariés le volaient, et qu'il ne pouvait les garder.
En septembre, l'IGGN (Inspection générale de la gendarmerie nationale) a lancé une enquête. Les militaires ont été suspendus. Ils retrouveront leur ami commerçant dans le box des prévenus ce mercredi. Tous les trois sont poursuivis pour extorsion de signature et utilisation de fichiers judiciaires à des fins personnelles.
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