Montigny-lès-Metz : probable mise en examen d’Henri Leclaire
Quatre mois après le renvoi du procès de Francis Heaulme dans l’affaire de Montigny-lès-Metz, Henri Leclaire, l’homme qui avait fait basculer les audiences, va être auditionné ce mardi par un juge d’instruction à Metz. Il devrait être mis en examen. Une décision qui ne surprendrait pas son avocat Me Hellenbrand, "le juge demeure indépendant mais compte-tenu de la pression médiatique autour de cette affaire, on peut se douter qu’on ne fera pas preuve d’originalité ".
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En mars dernier, alors que le tueur en série Francis Heaulme était jugé devant les assises de la Moselle pour le meurtre de deux petits garçons en 1986, c’est vers cet homme vieillissant, au langage simple, que les doutes s’étaient soudainement tournés poussant la justice à renvoyer le procès et à aussitôt ouvrir une information judiciaire.
Deux témoins-clés
Son nom n’est pas inconnu du dossier. En 1986, quelques semaines après la mort d’Alexandre Beckrich et Cyril Bening, il s’était accusé du meurtre, avant de se rétracter. La justice l’avait ensuite blanchi. Jusqu’à ce procès de mars 2014, où une femme se présente à la barre et raconte une troublante scène. "Monsieur Leclaire m’a expliqué comment il était impliqué dans les meurtres", a-t-elle confié à France Info, avouant même, "il m'a fait peur ".
Un autre témoin avait été entendu, un cheminot qui affirme avoir vu Henri Leclaire à l’heure de double-meurtre. Mais son ton, un peu surjoué, a suggéré à la Cour un peu de prudence. Il réitérera son témoignage aux enquêteurs après le procès avorté : il est certain d’avoir vu Henri Leclaire, avec un tee-shirt souillé, "cela ressemble à du sang ".
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Pourtant, Henri Leclaire n’était entendu qu’en simple témoin. Mais les aveux de cette femme, et les accusations à répétition de Francis Heaulme (qui affirme que Leclaire est le tueur depuis des années), avaient poussé la Cour à le confronter à ses détracteurs. Deux face à face au cours desquels l’ancien manutentionnaire de 65 ans s’est perdu, s'embrouillant dans ses déclarations qui devenaient contradictoires. Il avait fini par laisser trop de doutes à la justice pour qu’elle continue le procès comme elle l’avait prévu.
Car cette affaire de Montigny-lès-Metz est une véritable énigme judiciaire. Elle hante les parents et grands-parents des deux victimes qui ont subi en 28 ans, quatre procès en assises. Du jamais vu en France. Pendant longtemps, il y avait même un coupable, Patrick Dils, acquitté en 2002.
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