Côte d'Ivoire. Alliot-Marie visée par une plainte pour complicité d'assassinats
L'ancienne ministre de la Défense est poursuivie par des familles de militaires victimes du bombardement en 2004 du camp français de Bouaké, en Côte d'Ivoire.
JUSTICE - Les faits remontent à 2004, mais la procédure ne fait que commencer. Des familles de militaires victimes du bombardement du camp français de Bouaké, en Côte d'Ivoire, ont déposé plainte mercredi 21 novembre contre Michèle Alliot-Marie pour complicité d'assassinats.
Déposée auprès de la Cour de justice de la République, elle vise Michèle Alliot-Marie car celle-ci était ministre de la Défense au moment du bombardement, le 6 novembre 2004, par deux avions des forces loyalistes ivoiriennes, d'un camp de l'armée française à Bouaké. Neuf militaires français et un civil américain avaient péri, tandis que 38 soldats avaient été blessés.
De quoi est accusée l'ex-ministre ?
Les familles des soldats accusent Michèle Alliot-Marie d'entrave à la justice. Leur avocat, Jean Balan, a accusé à plusieurs reprises l'ancienne ministre de la Défense d'avoir, "dès le début de l'affaire", cherché à "saboter l'action de la justice afin d'éviter, à tout prix, que la vérité ne soit connue".
Cette nouvelle plainte, révélée par Mediapart, intervient en parallèle de l'information judiciaire pour assassinat et tentative d'assassinats ouverte en 2005, après une plainte contre X des famille, dans laquelle l'ancienne ministre avait été entendue comme témoin en mai 2010.
Que s'est-il passé ?
Le 6 novembre 2004, deux avions Sukhoï-25 des forces loyalistes ivoiriennes bombardent un camp de la force Licorne à Bouaké (centre de la Côte d'Ivoire), tuant neuf militaires français et un civil américain, et blessant 38 soldats.
Immédiatement après, l'armée française avait détruit l'aviation ivoirienne, provoquant une vague de manifestations antifrançaises à Abidjan. Deux ans plus tard, une polémique avait éclaté après que l'on a découvert que huit Biélorusses, parmi lesquels deux pilotes, avaient été arrêtés par les autorités togolaises quelques jours après le bombardement, puis mis à disposition des services français avant d'être libérés.
En outre, dès le lendemain du bombardement, quinze personnes dont deux Biélorusses avaient été arrêtées par les forces françaises avant d'être relâchées et remises aux forces russes. Des témoins avaient assuré que certains étaient pilotes ou mécaniciens d'avions.
Que disait Alliot-Marie à l'époque ?
Pressée de s'expliquer par la justice, l'ex-ministre, entendue comme témoin, avait affirmé le 7 mai 2010 qu'il n'y avait alors "pas de base juridique puisque pas de mandat d'arrêt international" pour interroger les huit Biélorusses arrêtés par le Togo.
Michèle Alliot-Marie avait par ailleurs mis en avant "l'impossibilité juridique" pour justifier d'avoir remis aux autorités russes les 15 personnes arrêtées à l'aéroport d'Abidjan. "Il pouvait être intéressant de connaître leur statut et leurs activités", a-t-elle concédé, mais "aucune base juridique ne le permettait".
De son côté, le général Poncet, qui commandait la force Licorne en Côte d'Ivoire, avait fait part à la justice de son incompréhension devant l'ordre qu'il avait reçu de les libérer sans les auditionner. Interrogée sur sa connaissance de télégrammes diplomatiques décrivant précisément l'action des forces ivoiriennes les jours précédant l'attaque contre le camp français, la ministre a répondu avoir été informée avec retard.
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