Marseille : 12 "ripoux" de la BAC Nord déférés, "agissements inacceptables" (procureur)
Trois jours après la descente des
"bœuf-carottes" à la BAC Nord de Marseille, 12 des 13 policiers
placés en garde à vue ont été déférés au parquet en tout début de matinée. Ils
devraient être mis en examen par la juge Patricia Krummenacker dans le cadre de
l'instruction ouverte au début de l'année pour vol et extorsion de fonds en
bande organisée, et trafic de drogue.
Des faits d'une extrême gravité s'agissant, de surcroît, de fonctionnaires de
police qui encourent jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle.
Affaire exceptionnelle, enquête
hors norme
Trente limiers de la "police
des polices", dont certains sont descendus de Paris en renfort, ont
cuisiné les suspects durant trois jours. Quinze autres fonctionnaires ont été
entendus mais en dehors du régime de la garde à vue. Au terme de ce premier
épisode, le procureur de Marseille a livré des détails sur l'ampleur de
l'affaire.
Pour confondre les
"ripoux", l'IGPN (Inspection générale de la police nationale) avait déployé
de très gros moyens : écoutes téléphoniques, "sonorisation" (caméras
vidéo, micros cachés) des voitures et des bureaux des suspects, balises GPS
sous les voitures etc.
Ce qu'ils ont trouvé en perquisitionnant les locaux de la BAC Nord et les domiciles
de certains fonctionnaires est à la hauteur de ce qu'ils attendaient : drogue,
argent liquide et même bijoux volés.
"Tout un catalogue
d'agissements inacceptables [...] Un système organisé de vol, de racket, de trafic de drogue" (procureur)
Plus révélateurs encore, les enregistrements
des conversations tenues dans les voitures de service : "C'est assez
instructif sur les pratiques délictueuses qui étaient en cours chez les
intéressés [...] dans ce que je considère comme un système organisé de vol, de racket, de trafic de drogue", explique le procureur Jacques Dallest. Des conversations "accablantes"
révélant "tout un catalogue des agissements les plus inacceptables et cela de façon répétée dans le temps [...] Le
sentiment, c'est qu'on a une gangrène qui a touché ce service",
insiste le magistrat.
Certains fonctionnaires ont reconnu partiellement les faits, d'autres nient en bloc.
"C'est une affaire lourde, loin d'être terminée", poursuit le procureur Dallest. Les soupçons se portent sur
quasiment toute l'équipe de jour de la BAC Nord, soit 30 à 40 fonctionnaires. A ce jour, 28 policiers ont été entendus.
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