Scandale à l'IGS : Guéant et le préfet Gaudin nient leur implication
Le ministre de l'Intérieur va déposer plainte contre Bruno Le Roux, porte-parole de Hollande. Ce dernier l'a accusé d'être "au cœur" d'une manipulation à la police des polices pour déstabiliser le PS.
Après les révélations du Monde, mercredi 11 janvier, sur de possibles manœuvres politiques contre le PS à l'Inspection générale des services (IGS), Claude Guéant et Michel Gaudin contre-attaquent. Le ministre de l'Intérieur a annoncé jeudi sa décision de poursuivre en diffamation un porte-parole du candidat socialiste François Hollande, tandis que le préfet de police de Paris dément les "allégations" à son encontre dans ce dossier d'enquête truquée de la "police des polices".
• Ce qui est reproché à Claude Guéant
Le député socialiste Bruno le Roux a accusé mercredi le ministre de l'Intérieur d'avoir été "au cœur" d'une manipulation au sein de l'IGS en 2007 visant à écarter des fonctionnaires jugés trop à gauche. Claude Guéant était à l'époque directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur. Le président du groupe socialiste au Sénat, François Rebsamen, a lui dénoncé "une utilisation partisane de la police" au service d'"un clan, le clan des amis du 'patron'", Nicolas Sarkozy.
Parmi les fonctionnaires suspendus, l'ancien directeur de la police générale à la Préfecture de police de Paris, Yannick Blanc, estime dans Le Nouvel Observateur que le responsable de la manipulation était "à la tête" de l'IGS. En l'occurence, il s'agissait à l'époque d'Eric Meillan, nommé en 2003 par Nicolas Sarkozy et "ex-collaborateur de Claude Guéant". "A partir de là, je ne peux faire que des hypothèses", reconnaît-il, tout en soulignant "un problème, qui est politique, quant à l'esprit et les critères pour nommer les gens à la tête des services de police".
• La réponse du ministre de l'Intérieur
"Je n'ai rien à voir avec cette histoire", a répliqué Claude Guéant jeudi lors des questions d'actualité au Sénat. Et de reprocher à la gauche de chercher à "déstabiliser des ministres" à des fins électorales. "Il y a des limites à tout. Il y a des choses qui sont insupportables."
"Sur la foi d'informations tronquées, de pièces de justice partielles, on instruit un procès public, a-t-il dénoncé mercredi à l'Assemblée nationale. Cette dérive est grave."
Le ministre de l'Intérieur a demandé jeudi "au garde des Sceaux de poursuivre en diffamation M. Bruno Le Roux". Le socialiste a répondu qu'il n'est "pas question de céder à l'intimidation".
• Ce qui est reproché à Michel Gaudin
Présenté par Le Monde comme un "pilier du système sarkozyste", le préfet de police de Paris a signé les arrêtés suspendant les fonctionnaires injustement accusés. Ces derniers ont finalement innocentés en janvier 2011 par la justice. Comme le rapporte le quotidien, il lui est reproché de s'être appuyé sur des éléments judiciaires dont il n'aurait pas dû avoir connaissance, puisqu'il s'agissait d'une procédure administrative.
Visé par une procédure judiciaire pour recel d'informations judiciaires, Michel Gaudin a été auditionné le 15 décembre 2011 en tant que témoin assisté. Devant le juge, le préfet a reconnu avoir "donné des éléments afin d'emporter la conviction du secrétariat général de suspendre" un des hauts fonctionnaires. Mais comme le relève Le Point, Michel Gaudin pouvait ignorer que l'affaire en question reposait sur de faux procès-verbaux et des écoutes téléphoniques tronquées.
• La réponse du préfet de police
Michel Gaudin a réfuté les "allégations" le "mettant en cause". Sans contester le fond du dossier, il a usé d'un droit de réponse dans la presse pour contester les passages du Monde le visant à titre personnel.
"Je n'ai jamais eu connaissance d'éléments de procédure judiciaire pour proposer la suspension administrative de ce fonctionnaire", écrit-il dans son courrier. "Comme d'autres, j'ai été entendu comme témoin assisté dans le cadre d'une information judiciaire ouverte contre X à la suite d'une plainte." Le préfet assure ne faire l'objet "d'aucune procédure".
Yannick Blanc estime n'avoir "aucune raison de penser qu'il [Michel Gaudin] ait pu tremper dans cette barbouzerie". Dans son interview de jeudi au Nouvel Observateur, l'ancien directeur de la police générale dit n'avoir "aucun élément d'information qui [lui] permette d'affirmer qu'il y ait eu un donneur d'ordre en dehors de l'IGS. Je suis même convaincu que le préfet de police, arrivé en juillet 2007 après le déclenchement de l'enquête, a découvert l'ampleur de l'affaire seulement hier".
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