Les Toulousains veulent tourner la page
Les indemnisations et le développement d'un pôle économique éthique devraient aider les victimes à panser leurs plaiesLes indemnisations et le développement d'un pôle économique éthique devraient aider les victimes à panser leurs plaies
Le procès n'a pas commencé mais la SA Grande Paroisse et Total ont déjà mis la main à la poche. Près de deux milliards d'euros ont été versés pour l'indemnisation des dommages matériels et corporels.
87.000 dossiers dont 71.000 pour dommages matériels et 16.000 pour dommages corporels, concernant 20.800 personnes.
La Société nationale des poudres et explosifs (SNPE) et Grande Paroisse (groupe Total) sont parvenues à un accord sur l'indemnisation des dommages subis lors de l'explosion de l'usine, a annoncé Grande Paroisse le 15 janvier dernier, sans pour autant en révéler le montant.
Le conflit durait depuis des années entre le propriétaire d'AZF, Grande Paroisse et la SNPE. Mais l'accord conclu avec la SNPE "ne vaut pas reconnaissance de responsabilité" ont indiqué les dirigeants et la société "ne renonce à aucun recours dès lors qu'une cause étrangère serait établie".
Délais pour reconstruire
Le 8 septembre dernier, sept ans après sa destruction complète par l'explosion, le nouveau lycée technique Gallieni a été inauguré.Une durée qui s'explique par les nombreuses difficultés qu'il a fallu surmonter avant que le chantier ne démarre vraiment fin 2006, expliquent Martin Malvy, le président du conseil régional et Claude Vasconi, architecte du projet.
Délais administratifs pour définir l'espace constructible sur les terrains sinistrés, pour adopter des fondations spéciales, puis deux appels d'offre infructueux avant de trouver une entreprise disponible. Le marché était saturé par la reconstruction de Toulouse.
"Les images et le deuil ne s'effaceront jamais, certains dommages ne sont pas encore réparés, mais nous avons participé à la renaissance de ce quartier en construisant ce lycée du nouveau siècle", a déclaré Martin Malvy (PS).
Reconstruit sur le site même des anciens lycées Gallieni et Françoise, à moins d'un kilomètre de l'ancienne usine, l'établissement qui est dédié aux métiers de l'automobile, du CAP au BTS, a coûté 91 millions d'euros.
En septembre 2008, 700 jeunes ont franchi pour la première fois la grille du lycée. A terme, la capacité s'élèvera à 1.400 élèves, dont 300 en internat, 500 suivront la filière générale et technologique et 900 la filière professionnelle.
Lenteur dans les projets
Très vite après l'explosion et pour tenter de dépasser le traumatisme, l'idée de bâtir un "ambitieux" canceropôle émerge. "Là où nous avions été blessés, là où nous avions été meurtris, il nous fallait un lieu d'espoir, plutôt qu'une autre usine, des bureaux ou un parc", déclarait Philippe Douste-Blazy, maire de Toulouse à l'époque de la catastrophe.
Le maire imagine un centre de lutte contre le cancer d'envergure européenne. Plus d'un milliard d'euros d'investissements, essentiellement privés, sont injectés dans la lancée du "plan cancer", l'un des trois grands chantiers du quinquennat de Jacques Chirac, qui prévoit la création en France de sept cancéropôles.
Par ailleurs, le site dévasté devrait voir naître notamment deux pôles de recherche, un privé et l'autre public, un pôle d'innovation doté d'une pépinière d'entreprises du secteur des sciences du vivant et un hôtel à projets de recherches interdisciplinaires.
Reste que là encore, la concrétisation des projets tarde. Les premiers bâtiments pour la recherche ne seront livrés qu'au printemps et la mise en service de l'hôpital est prévue en 2012.
Des inquiétudes
Si ces programmes sonnent comme une revanche pour les uns, des craintes se font entendre du côté des associations de protection de l'environnement, concernant la dépollution du site de 220 hectares.
Comme la loi l'y oblige, Total a bien achevé à la dépollution de l'usine fin 2007, pour un montant de 100 millions d'euros. Mais à 200 mètres du futur hôpital, se trouvent encore sur des terrains militaires, jouxtant le site AZF, des ballastières, où sont stockées environ 4.700 tonnes de poudre (nitrocellulose) sous l'eau.
Le ministère de la Défense - qui s'était donné jusqu'à fin 2008 pour dépolluer l'ancienne poudrerie de Braqueville, près d'AZF , puis les ballastières - "traîne la patte", selon le maître d'ouvrage de la communauté d'agglomération du Grand Toulouse.
Les toulousains n'en n'ont pas encore fini avec la catastrophe d'AZF.
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