Les réactions à la réforme de Taubira se focalisent sur la peine de probation
Invitée de France Info vendredi midi, la ministre de la Justice Christiane Taubira a détaillé certains points de sa réforme pénale, intitulée "projet de loi de lutte contre la récidive ". Mesure la plus discutée jusqu'à présent, la peine de probation, ou contrainte pénale, est maintenue. Si sa confirmation satisfait les défenseurs de la réforme, ses opposants craignent une "recrudescende de l'insécurité ".
►►► Christiane Taubira fait de la lutte contre la récidive la priorité de sa réforme pénale
"Le laxisme plutôt que la fermeté "
Dans un communiqué publié sur le site de l'UMP, Jean-François Copé, son président, a fermement critiqué les déclarations de Christiane Taubira. "En supprimant les peines-plancher et en favorisant les peines alternatives à la prison, François Hollande a choisi la ligne Taubira au détriment de la ligne Valls, le laxisme plutôt que la fermeté envers les délinquants ", a déclaré le député de Seine-et-Marne, estimant que les Français seraient "les premières victimes de cet arbitrage ".
Selon Jean-François Copé, la décision de maintenir les peines de probation pourra être considéré comme "un signal de faiblesse par les
délinquants ", et pourrait entraîner une "recrudescence de l'insécurité ",
signe que la gauche n'aurait "toujours pas renoncé à l'angélisme qui l'anime depuis des
années ".
"Ce n'est pas dissuasif"
Pour Patrice Ribeiro, leader de Synergie - second syndicat d'officiers-, le message envoyé aux délinquants n'est pas le bon. "Le principe, c'est "pas de prison". Le message envoyé aux arracheurs de colliers à Marseille, aux voleurs de téléphone portable qui cassent le nez d'une femme pour lui arracher son iphone, ou a ceux qui trainent une mamie sur son scooter pour lui arracher son sac, c'est aujourd'hui ça : ce n'est plus la prison, et ce n'est pas dissuasif ".
Il poursuit : "Pour ce type de criminalité, il faut une certitude de la peine, et des peines qui soient suffisamment dissuasives pour les multi-réitérants multi-récidivistes ".
"Il fallait sortir de vingt ans de surplace "
A contrario, pour Emmanuel Daoud, avocat du droit pénal, "il y a une rupture avec le passé. On s'engage dans une voie nouvelle avec cette mesure de contrainte pénale qui est en fait une terminologie pour habiller et rendre acceptable la véritable révolution qu'est la peine de probation".
"Ces deux mesures : la suppression de la peine plancher et la contrainte pénale, sont des avancées majeures du droit de la peine et du droit pénal et on verra dans le temps quels seront les effets."
"L'autre point très positif, c'est la suppression des peines-plancher. On s'est rendu compte ces 5 dernières années qu'en aucune façon elle ne diminuait la récidive d'une part, et que d'autre part elle provoquait une augmentation de la surpopulation carcérale. C'était une fausse bonne idée ", conclut Emmanuel Daoud.
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