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La requête des héritiers de Renault rejetée

Les héritiers de Louis Renault réclamaient une indemnisation en raison de la nationalisation de l'usine de leur grand-père en 1945. Ils ont annoncé leur intention de faire appel.

Article rédigé par Aurélie Delmas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Hélène Renault-Dingli, la petite-fille de Louis Renault, au tribunal de grande instance de Paris, en décembre 2011. (GAEL DUPRET / MAXPPP)

Les petits-enfants de Louis Renault ont été déboutés de leur action par le tribunal de grande instance de Paris mercredi 11 janvier. Ils demandaient réparation pour la nationalisation-sanction de l’usine de leur grand-père en 1945. Leurs avocats ont annoncé leur intention de faire appel pour que leur requête puisse être transmise à la Cour de cassation.

• La nationalisation

Pendant la seconde guerre mondiale, Louis Renault est "plus préoccupé par l’avenir de ses usines que par le destin de la France", dépeint Le Figaro (article payant). Accusé de collaboration avec le régime nazi, il est un personnage controversé.

"Placée en 1940 sous contrôle allemand, Renault a fabriqué du matériel pour la Wehrmacht", rappelle Libération. Pour les héritiers de Renault, l’industriel a été contraint par les forces d’occupation, auxquelles il n'a pas livré de quantités plus importantes que Peugeot. Les historiens soulignent toutefois que la marque au lion a apporté, elle, son soutien à la Résistance dès 1943.

Le Figaro rappelle aussi l’engagement des proches de Louis Renault dans les milieux collaborationnistes. Sa femme est la maîtresse de Drieu La Rochelle, dont elle partage la sympathie pour le régime nazi. Quant à François Lehideux, son neveu par alliance, directeur général de l’entreprise jusqu’en 1940, il devient secrétaire d’Etat du gouvernement de Vichy.

Arrêté en septembre 1944 pour collaboration, Louis Renault meurt en prison, sans qu'un procès ait pu confirmer les accusations portées contre lui. Son empire industriel est confisqué le 16 janvier 1945, par une simple ordonnance qui transforme Renault en une Régie nationale.

• La position des héritiers

Sept de ses petits-enfants ont déposé une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) pour contester l’ordonnance de 1945. Celle-ci "a porté atteinte à des principes fondamentaux tels que le droit de la propriété", estime leur avocat.

Leur objectif est de prouver que cette nationalisation n'était pas conforme. Elle ne peut constituer ni une confiscation, puisqu'il n'y a pas eu de décision de justice, ni une nationalisation, puisqu'elle n'a donné lieu à aucune indemnisation, argumente Hélène Renault-Dingli dans Le Télégramme. "Je refuse de voir encore dans les livres d’histoire que Louis Renault est un collaborateur. C’est faux", a également affirmé la petite-fille du chef d'entreprise sur RTL.

Les adversaires des héritiers Renault, parmi lesquels la CGT-Métallurgie et la Fédération nationale des déportés, dénoncent une "falsification de l’histoire".

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