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Le douloureux fardeau des frères et sœurs de Marina

L'aîné, Aurélien, a témoigné par visioconférence, mercredi, devant la cour d'assises du Mans où sont jugés les parents tortionnaires de la fillette. Il s'en veut de n'avoir jamais rien dit.

Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'avis de recherche diffusé le 9 septembre 2009, après la prétendue disparition de Marina, retrouvée morte deux jours après. (JEAN-FRANÇOIS MONIER / AFP)

Leur sœur a succombé sous les coups de ses parents. Aujourd'hui, les frères et sœurs de Marina, dont les parents tortionnaires sont jugés devant la cour d'assises du Mans, tentent de se reconstruire. L'aîné des quatre enfants placés dans une même famille d'accueil a témoigné par visioconférence mercredi 20 juin. Une étape importante pour ce garçon de 13 ans, qui s'en veut beaucoup de n'avoir jamais rien dit.  

"Je savais pas si c'était normal ou pas", a expliqué d'une voix posée Aurélien (les prénoms ont été modifiés), le premier fils de Virginie Darras, né d'une précédente union. Devant la cour, l'adolescent a évoqué les violences dont sa petite sœur Marina a été victime pendant plusieurs années et dont il était souvent le témoin : "Des claques, des coups de pied, des coups de ceinture, des coups de poing, des coups de boule".  

"J'ai pas partagé grand chose avec elle"

Aurélien se souvient d'une petite fille parfois nue, "souvent au coin", parfois "une après-midi", "sans bouger". "Des fois, elle devait boire du vinaigre, du sel, elle devait manger les restes avec beaucoup de sel ou ce qu'elle vomissait". "Des fois Marina dormait dans le sous-sol", et les douches et les bains froids "ça arrivait souvent". Plus la fillette pleurait, plus "elle se faisait taper".

"J'ai pas partagé grand chose avec elle. Je passais pas beaucoup de moments avec elle, parce que je pouvais pas, elle était punie", regrette Aurélien, selon ses propos rapportés par Le Maine Libre.

"C'était toujours elle qui était battue"

Sa mère, Virginie Darras et son beau-père, Eric Sabatier, écoutent tête baissée. Une question hante le garçon : pourquoi elle et pas eux ? "Je suis en colère, lâche-t-il. C'était toujours elle qui était battue. Elle avait jamais rien fait de mal." Aurélien en veut également à ses parents de l'avoir utilisé. A l'école, il devait expliquer les absences de Marina par des chutes, des maladies. Après la prétendue disparition de sa sœur, en septembre 2009, il est mis à contribution dans le scénario de l'enlèvement, sans rien savoir de la vérité.

"J'ai participé à des choses que je devais pas faire. On s'est servi de moi, quoi. Ça me rend mal parce que Marina, je l'aimais." Ecrasé par la culpabilité, il lance : "Ça me révolte, parce si je l'avais dit, elle pourrait être là aujourd'hui encore." Il s'adresse à ses parents :  "Je leur en veux beaucoup. J'aurai du mal à 'les' pardonner parce qu'il y aura toujours l'obstacle de Marina entre eux et moi." 
 
Des enfants très marqués
 
Aurélien n'est pas le seul à se sentir coupable. Selon la mère de la famille d'accueil, qui est venue témoigner à la barre, Oriane, 9 ans aujourd'hui, est aussi très marquée. Elle se souvient d'un épisode où ses parents ont voulu mettre Marina dans le four "mais elle ne rentrait pas". "Elle s'en veut de tout ça", raconte celle que les enfants appellent "tata". "Oriane est une petite qui n'est pas heureuse, qui ne veut pas vivre, qui ne veut pas prendre un peu de bonheur." L'enfant, toutefois, "va mieux" depuis qu'elle a parlé et qu'elle a pu aller se recueillir sur la tombe de sa grande sœur.
 
Alexis, 8 ans, a lui le souvenir "d'une petite fille attachée avec du scotch dans un lit". Bryan, 5 ans, "refusait que je lui donne la douche. Il hurlait", rapporte la mère de la famille d'accueil. Il accepte de prendre des bains depuis peu. "Maintenant il n'a plus peur." Les quatres frères et sœurs "sont pressés d'être à la fin du procès. Ils ont envie que leurs parents soient jugés". Virginie Darras et Eric Sabatier encourent la réclusion à perpétuité.
 

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