La SNCF condamnée pour discrimination envers plusieurs centaines de Chibanis marocains
Epilogue heureux pour les 832 Chibanis de la SNCF. C'est la fin d'un long parcours. Ces cheminots de nationalité ou d'origine marocaine, recrutés dans les années 70, comme contractuels de droits privé, avaient déposé des recours affirmant avoir été bloqués dans leur carrière et lésés à leur retraite. Après plus de dix ans de procédure, la SNCF est donc condamnée par le Conseil des Prud'hommes de Paris, pour "discrimination dans l'exécution du contrat de travail" et "dans les droits à la retraite".
Tous n'ont pas gagné. Selon un conseiller prudhommal, la SNCF a été condamnée dans neuf dossiers sur dix. Les condamnations sont en moyenne assorties de dommages et intérêts d'environ 200.000 euros. Parmi les "déboutés" figurent quelques dossiers prescrits et une dizaine de travailleurs détachés par les chemins de fer marocains.
"Un énorme satisfaction, la dignité pour les Marocains"
L'émotion était vive, au moment de l'énoncé de la décision du tribunal. Ahmed Katim, recruté en 1972 comme contractuel, était en larmes : "C'est une énorme satisfaction, la dignité pour les Marocains " et "la fin d'un combat de 15 ans ", a-t-il dit. Pour ces Chibanis ("Cheveux blancs" en arabe), c'est une reconnaissance de leur travail, alors qu'ils ont vu leurs collègues français progresser dans les échelons de la SNCF au fil des ans, à l'inverse de leur propre situation.
L'avocate Clélie de Lesquen a salué de "très belles décisions ". Après avoir ouvert un premier jugement parmi les 800, l'avocate s'était tournée vers les quelque 150 personnes présentes en relevant les poings. Le silence a laissé place aux applaudissements et quelques cris : "Vive la République, vive la France, vive la justice !"
La SNCF "n'a fait qu'appliquer la loi"
"On se laisse le temps de l'analyse avant de faire éventuellement appel ", a réagi Christophe Piednoël, responsable de la communication de la SNCF. Dans cette affaire, "on considère qu'on n'a fait qu'appliquer la loi ", a ajouté le porte-parole du groupe. Dans un communiqué, la SNCF ajoute avoir "respecté les dispositions légales en vigueur " qui "excluent, aujourd'hui encore, l'embauche au statut SNCF de ressortissants de pays non membres de l'Union européenne ".
Compte tenu du nombre de dossiers, les décisions seront notifiées individuellement aux plaignants à partir du 23 octobre et la SNCF aura alors un mois pour faire éventuellement appel.
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