La rumeur court. Et quand elle court trop vite, elledéforme, ce qui gêne le travail des enquêteurs. C'est ce qu'a voulu expliquermercredi Albert Doutre. Le directeur départemental de la sécurité publique duRhône n'hésite pas à la dire : "[...] un début de psychose est entrain de se mettre en place" . La raison de cette "psychose" ?Cinq agressions sexuelles, entre octobre 2012 et fin janvier 2013, dans lehuitième arrondissement de Lyon. L'agresseur, masqué et muni d'une armeblanche, s'en est pris à des jeunes femmes entre 20 et 25 ans, la nuit, donttrois sont des étudiantes. La série noire avait poussé les universités Lyon-1et Lyon-3 à envoyer un mail à ses 30.000 étudiants et membres du personnel lemois dernier, appelant à la prudence.Les rumeurs les plus follesMais depuis, les propos se sont largement déformés, et lesrumeurs les plus extravagantes ont émergé, via notamment les réseaux sociaux."On a parlé d'une sixième victime, d'un agresseur ausourire de l'ange ou du joker, de victimes uniquement blondes incitant du coupdes jeunes femmes à se teindre en brunes, d'un portrait-robot qui n'existaitpas."Albert Doutre parle d' "aberrations" , d'unemédiatisation obligeant les forces de l'ordre à "revoir [leur]dispositif, car elle a rendu délicate [leur] possibilité d'action sur leterrain" .Aujourd'hui des policiers ont annoncé que le violeur de Lyon est juste à coté de chez moi. J'ai peur.— non (@nesrinesama) March 5, 2013a toutes les blondes de lyon le violeur na tjr pas etais attrapé attention a vous sorté armé!!!...— déesse (@desse6921) March 3, 2013Le directeur départemental de la sécurité publique parlemême de groupuscules d'extrême-droite, comme le GUD, s'emparant de l'affaire pour imaginer lacréation d'une milice toute personnelle.Grosse présence du GUD ce matin à #Lyon3. Gros tractage contre le violeur. De nbx Merci pour nos rondes de nuit pour protéger les étudiantes— GUD LYON (@gud_lyon) March 6, 2013Mobilisation associativeLa peur, et la colère, vont même très loin. La Confédérationétudiante de Lyon et le mouvement Ni Putes Ni Soumises (NPNS) ont appelé à unrassemblement ce jeudi à l'université Lyon-3. Dans un communiqué, ilsexpliquent leur initiative : "Nous comprenons le besoin dediscrétion des enquêteurs mais nous déplorons l'improvisation dans la gestionde cette affaire, cela met en évidence l'absence cruelle de prévention auprèsdes étudiantes les plus fragiles" . Des membres de l'association NPNS ont distribué des tracts devant l'établissement jeudi matin.Pour "laisser aux enquêteurs les chancesde pouvoir interpeller l'individu" , le patron de la sécurité publique duRhône ne jure que par la discrétion.