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Fraude à la taxe carbone : "Aujourd'hui, ce qu'il me reste à moi ce sont des souvenirs et des dettes", raconte Grégory Zaoui

On parle de "l'escroquerie du siècle". L'arnaque à la taxe carbone a fait perdre à l'État au moins 1,6 milliards d'euros entre 2008 et 2009. Grégory Zaoui est considéré comme le pionnier à l'initiative de cette fraude. Il témoigne dans le documentaire Netflix "Les rois de l'arnaque" et s'est confié au micro de franceinfo.

Article rédigé par David Di Giacomo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Grégory Zaoui est considéré comme le cerveau de la fraude à la taxe carbone à la fin des années 2000. (TOUS DROITS RÉSERVÉS)

Il savoure aujourd'hui sa libération conditionnelle. Condamné à huit ans de prison, deux fois en cavale, Grégory Zaoui, originaire d'une famille modeste de Seine-Saint-Denis, le reconnaît à demi-mot, c'est bien lui le cerveau de cette gigantesque fraude à la taxe carbone. Franceinfo l'a rencontré au cabinet de son avocat parisien, maître Samuel Habib. "Écoutez, si je vous dis oui, c'est prétentieux. Si je vous dis non, ça serait faux", nous dit-il.

La première opération que j'ai faite, c'était en 2006 de mémoire. J'avais acheté pour 30 000 euros de quotas carbone en hors taxe, sans TVA. Je les ai vendus et ils m'ont payé mes 30 000 plus la TVA... 36 000 euros en quelques secondes."

Grégory Zaoui

à franceinfo

Par la suite, la TVA n'était jamais reversée à l'État. Gregory Zaoui en a profité pendant un an et demi, comme beaucoup d'autres, à l'image de l'extravagant Marco Mouly, fil rouge du documentaire Netflix Les rois de l'arnaquesorti il y a un mois et qui raconte ce véritable casse du siècle. "J'ai dépensé beaucoup d'argent, flambé également, poursuit Grégory Zaoui. Je ne suis pas joueur, je ne vais pas aller au casino. J'ai fait des choses avec beaucoup de discrétion, mais pas des moindres."

"On était en haut, on est tombé et aujourd'hui on essaye de se relever. Ça, ça parle beaucoup aux gens."

Grégory Zaoui

à franceinfo

"Aujourd'hui, ce qu'il me reste à moi ce sont des souvenirs et des dettes. Et c'est pour ça que je vais tout faire pour essayer d'effacer mes dettes, explique Grégory Zaoui. Par contre les souvenirs je les garde pour moi, et le carnet d'adresses que je suis en train de me constituer, ça aussi on ne pourra pas me l'enlever. Beaucoup de gens me demandent des conseils en investissement", dit-il. "Je vous le dis, je ne peux pas répondre à cette question, parce que si jamais je le faisais, je pourrais retourner en prison", reprend-il.

Grégory Zaoui, ci-contre en 2021. (TOUS DROITS RÉSERVÉS)

Inscrit à Pôle emploi, Grégory Zaoui rembourse 400 euros par mois à l'État, mais ses dettes s'élèvent encore à plusieurs millions d'euros. Âgé de 50 ans, l'ancien escroc de très haut vol se verrait bien aujourd'hui apporter son aide dans la lutte contre la fraude. "Ce que j'aimerais beaucoup aujourd'hui, c'est effectivement de mettre en place des systèmes pour l'État français en l'occurrence, et j'ai des vraies solutions à apporter. J'espère que ça va se faire et après, on verra", dit-il.

En attendant, le repenti Zaoui prépare une conférence dans une faculté parisienne. Il rêve aussi d'intervenir devant la prestigieuse École nationale de la magistrature (ENA).

Arnaque à la taxe carbone : le témoignage de Grégory Zaoui à franceinfo - par David Di Giacomo

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