Cet article date de plus de douze ans.

Epilogue judiciaire d’un été de violences à Saint-Aignan

La mort d’un gitan, abattu par un gendarme en 2010, avait entraîné des violences à Saint-Aignan (Loir-et-Cher) et un tour de vis sécuritaire du gouvernement. Au volant de la voiture qui avait forcé le barrage, son cousin est jugé en correctionnelle pour "refus d’obtempérer".
Article rédigé par Gilles Halais
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Franceinfo (Franceinfo)

L’affaire avait commencé le 16
juillet 2010 par un simple larcin : le vol d’un billet de 20 euros à un
adolescent. Les gendarmes retrouvent devant un bar les deux auteurs présumés,
deux gitans passablement alcoolisés. Le premier, Luigi, prend la fuite à bord d’une
Renault Chamade. Un gendarme s’interpose. Luigi appuie sur l’accélérateur et
traîne sur plusieurs centaines de mètres le militaire à plat ventre sur le
capot, qui finit par lâcher prise.

La gendarmerie lance alors un "Filet Bleu" pour retrouver la voiture,
qui est repérée deux heures plus tard par une patrouille. Après une filature de
plusieurs kilomètres, la Chamade force un barrage de gendarmerie.

Un fonctionnaire fait feu à deux reprises. Une balle atteint le passager, Luigi,
qui décède peu après.

Son cousin Miguel, qui avait pris
le volant, dira qu’il avait ralenti pour s’arrêter – l’expertise confirme que
le barrage a été franchi à 10 km/h –, puis qu’il a paniqué en entendant les coups de feu.

Tour de vis sécuritaire

Le fait divers fait grand bruit, au
cœur de l’été 2010. Les gens du voyage multiplient les réactions violentes. La
gendarmerie de Saint-Aignan est prise d’assaut par plusieurs dizaines de
membres de la communauté, des dégradations, incendies volontaires de bâtiments publics, sont commis dans la vallée du
Cher.

L’affaire prend alors une dimension politique. Le gouvernement prend une série
de mesures sécuritaires, annonçant notamment le démantèlement des camps de Roms
illégaux.

Dix-huit mois après les faits, le
procès s’ouvre à Blois, devant le tribunal correctionnel. D’abord mis en examen
pour "tentative d’homicide", un crime passible des assises, Miguel
Duquenet comparaît finalement pour "refus d’obtempérer aggravé" et
risque cinq ans de prison. Les faits avaient été requalifiés in extremis, sans
doute par souci d’apaisement, en même temps que l’auteur des coups de feu, d’abord
mis en examen pour "coups mortels", bénéficiait d’un non-lieu.

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