Garde à vue levée pour Villepin dans l'affaire Relais & Châteaux
L'ex-Premier ministre, soupçonné d'être intervenu dans ce dossier de surfacturation, dément toute implication dans cette affaire.
JUSTICE - La garde à vue de Dominique de Villepin dans le dossier Relais & Châteaux a été levée mardi 11 septembre peu après 16 heures. L'ancien Premier ministre a été entendu par les gendarmes à partir de 8h50 "pour s'expliquer sur son intervention" en faveur de son ami Régis Bulot, ancien président de l'association Relais et Châteaux, a indiqué Brice Raymondeaud-Castanet, le vice-procureur de Strasbourg, où est instruit le dossier. Régis Bulot est mis en examen dans cette affaire d'escroquerie présumée.
A l'issue de sa garde à vue, Dominique de Villepin a réaffirmé dans un communiqué qu'il n'était "en rien impliqué dans le déroulement de cette triste affaire qui touche l'un de [ses] amis".
Le vice-procureur de Strasbourg a jugé "probable" que le juge d'instruction en charge du dossier demande à entendre ultérieurement Dominique de Villepin. Il reviendra alors au juge de décider de son statut : simple témoin, témoin assisté ou mis en examen.
Qu'est-ce que l'affaire Relais & Châteaux ?
Au cœur de l'affaire, Régis Bulot, président de 1987 à 2006 de l'association Relais & Châteaux. Ce proche de Dominique de Villepin a été mis en examen et incarcéré en novembre 2011 pour "blanchiment", "escroquerie en bande organisée" et "abus de confiance". Il est soupçonné d'avoir mis en place un système de commissions occultes pour l'impression du guide annuel des Relais & Châteaux, et d'avoir ainsi détourné 1,6 million d'euros entre 2002 et 2008. Il a été remis en liberté en juin 2012.
Régis Bulot a reconnu ce système de surfacturations, mais dément en revanche avoir mis en place un système de nuitées gratuites au bénéfice d'hommes politiques, ainsi que tout financement politique.
Pourquoi Dominique de Villepin a-t-il été entendu ?
Selon des retranscriptions d'écoutes consultées par l'AFP fin 2011, Dominique de Villepin aurait tenté de dissuader Jaume Tàpies, successeur de Régis Bulot à la tête de l'association, d'ébruiter l'affaire. Après avoir déjeuné en janvier 2010 avec Jaume Tàpies, Dominique de Villepin s'était vanté par téléphone auprès de Régis Bulot d'avoir "fait [à ses interlocuteurs] une trouille dix fois au-dessus de ce qu'ils imaginaient".
"Il y a une chose que je leur ai fait comprendre... C'est que s'il y avait un intérêt commun à la maison Relais & Châteaux, c'est que rien de tout ce qu'ils m'ont dit ne sorte jamais, ce dont ils sont convaincus", a encore dit celui qui ambitionnait alors encore de se présenter à la présidentielle. Interrogé sur ce point, Brice Raymondeaud-Castanet a observé que le juge allait devoir déterminer si de tels propos relèvent éventuellement de l'intimidation ou de la subornation de témoins.
Interrogé par Le Monde en décembre 2011, Villepin avait clamé son innocence. "Essayer de m'impliquer dans une histoire dans laquelle je n'ai rien à voir est insupportable", s'était-il indigné, démentant avoir "bénéficié d'éventuelles largesses de Régis Bulot". "J'ai séjourné plusieurs fois dans des établissements Relais & Châteaux, et j'ai toujours payé, ce qui n'est pas forcément le cas de certains hommes politiques."
Qui d'autre est concerné ?
Selon Le Monde, les gendarmes enquêtent aussi sur des libéralités consenties à certaines personnalités. Le quotidien cite notamment, parmi les personnes déjà entendues comme témoins, le restaurateur Alain Ducasse. Le Monde évoque aussi le chef Joël Robuchon et l'ancien ministre Xavier Darcos.
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