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Deux dentistes mutilaient leurs patients pour frauder l'Assurance maladie

Deux dentistes marseillais, soupçonnés d'avoir provoqué des mutilations ou des infirmités sur des patients aux dents saines et commis une fraude estimée à plusieurs millions d'euros, ont été présentés jeudi après-midi à un juge d'instruction.
Article rédigé par Ludovic Pauchant
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Maxppp)

"C'était de l'abattage... ",
décrit un des enquêteurs qui a mis au jour cette vaste escroquerie à l'Assurance maladie. Sur le banc des accusés, quatre personnes, dont deux
dentistes des quartiers nord de Marseille. Tous ont été placés en garde à vue.

Les praticiens, père et fils, avec l'aide de leurs deux
complices, sont soupçonnés d'avoir facturé entre 2008 et 2012 des couronnes
jusqu'à trente fois leur prix moyen et d'avoir mutilé certains de leurs patients
en détériorant des dents saines pour qu'ils multiplient leurs soins, justifiant
ainsi de mirobolantes factures auprès des mutuelles et de l'Assurance maladie.

 "Il imposait des actes inutiles, falsifiait des radios
et la codification des actes"

Pour la Caisse primaire, le manque à gagner pourrait être
compris entre 3,6 et 4,7 millions d'euros : c'est sans compter celui des
mutuelles et des assurances des victimes, dont le montant n'est pas encore
chiffré. Des montants "gravissimes ", selon le procureur, qui
souligne "l'absence totale de scrupules des deux dentistes ". "Il
imposait des actes inutiles, falsifiait des radios et la codification des
actes
", poursuit le magistrat.

Voiliers, appartements et Aston Martin

Le temps de l'arnaque, les deux larrons achètent voiliers,
Aston Martin (dont une d'une valeur de 250.000 euros...), sociétés. Et une centaine d'appartements, pour plus de dix
millions d'euros. Sanglante dolce vita : quinze de leurs victimes sont
mutilées. Parmi cette clientèle de gens modestes, des personnes assujetties à la
CMU (couverture maladie universelle), qui n'avaient pas osé saisir la justice :
dispensées d'avance de frais, elles craignaient devoir rembourser d'importants
frais médicaux.

Soixante-dix patients par jour

Pourtant, un jour, les langues se délient. Trop gourmands,
les deux "dentistes", officiellement, reçoivent 70 patients par
jour : "sur la base des actes déclarés, il travaillait jusqu'à 52
heures par jour
", explique le colonel Jacques Diacono, chef de la Section
de recherches de la gendarmerie de Marseille. Viennent alors les témoignages de
plusieurs victimes, qui corroborent les premiers soupçons de fraude. En
juillet, les enquêteurs procèdent à une perquisition aux cabinets des deux
hommes. Cinq mois plus tard, ils sont interpellés, puis inculpés pour "violences
volontaires ayant entrainé une mutilation permanente
",
"escroquerie ", "faux diagnostic " ou encore
"blanchiment ". 

Leurs deux complices ont été remis en liberté après leur
garde à vue, mais le procureur a requis un mandat de dépôt pour les deux praticiens,
qui devraient probablement être mis en examen.

 

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