Des pirates somaliens jugés à Paris pour l'attaque du Ponant
Avril 2008, dans un voilier trois-mâts de croisière de la compagnie du Ponant, 30 personnes, dont 22 de nationalité française reviennent d'une croisière aux Seychelles. Le 4 avril, ils sont pris en otage par une douzaine de pirates somaliens.
Pour libérer les otages, la France lance l'opération "Thalathine" (qui signifie "trente" en Somali, comme le nombre d'otages sur le voilier). Six pirates présumés sont interpellés par la Marine nationale une semaine plus tard, après l'intervention du GIGN.
Ils seront à la barre de la cour d'assises à partir d'aujourd'hui. Un seul des six accusés reconnaît les faits mais tous ont été placés en détention provisoire depuis leur arrivée en France le 16 avril 2008.
"Des tirs d'arme à feu à bord"
Maître Cédric Alépée, avocat de la défense, estime que ce dossier est "particulier " et qu'on "a fait fi des droits des personnes ". "Mon client, chauffeur de taxi, conteste les faits depuis quatre ans. On lui a proposé 100 dollars pour faire une course et il a été piégé. Il avait 21 ans à l'époque des faits, son mariage a été annulé et il a été coupé de sa famille qui vit dans le dénuement le plus total en Somalie". La chambre de l'instruction n'a jamais accédé à sa demande de remise en liberté malgré "un logement en France qui pouvait l'accueillir ", déplore Me Alépée.
Un seul accusé reconnaît les faits
Le chauffeur de taxi, tout comme Abdullahi Youssouf Hersi, pêcheur somalien, nie être monté sur le "Ponant" pour l'attaque. Mais "quatre témoins sur les 30 membres d'équipage disent l'avoir reconnu ", poursuit son avocat qui pense "qu'on peut se tromper de bonne foi ". Comme les six autres accusés, il est poursuivi pour "arrestation et séquestration de plusieurs personnes comme otages en vue d'obtenir une rançon commise en bande organisée". Le seul à avoir reconnu les faits, Ismaël Ali Samatar, a été mis en examen pour "détournement de navire".
Les anciens otages devraient être présents à l'audience, y compris le capitaine du voilier, Patrick Marchesseau. Ce dernier "a repris le service après un long congé pour évacuer tout ça ", explique son avocat. A son retour de Somalie en 2008, Patrick Marchesseau avait affirmé qu'"il y avait eu des tirs d'arme à feu à bord ", mais avait "toujours cru qu'on s'en tirerait bien ". Il a aussi confirmé qu'aucun des otages (22 Français, six Philippins, un Ukrainien et un Camerounais) n'avait été maltraité. "Il n'y a eu aucun signe d'agression ni physique, ni verbal envers l'équipage ", avait-il rapporté, estimant même que sa détention s'était déroulée "en conditions quatre étoiles ".
Ce procès de présumés pirates somaliens est le second de ce type en France après celui du "Carré d'As" fin 2011. Cinq accusés avaient été condamnés à des peines allant de quatre à huit ans de prison. Un autre avait été acquitté.
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