Bruno Cholet, un accusé arrogant et imprévisible
Chauffeur de taxi clandestin et violeur récidiviste, l'homme est jugé pour le meurtre d’une étudiante suédoise de 19 ans, Susanna Zetterberg, en avril 2008. Il nie les faits.
JUSTICE - Une semaine mouvementée. Depuis l’ouverture de son procès, mardi 4 septembre, pour le meurtre de l’étudiante suédoise Susanna Zetterberg en avril 2008, Bruno Cholet est apparu comme un accusé arrogant et imprévisible. Qui continue à nier les faits. Pourtant, les preuves et les témoignages sont accablants. Retour sur ces quatre premiers jours d’audience devant la cour d’assises de Paris.
Il fait un malaise à l’ouverture du procès
Premier rebondissement, mardi, à l'ouverture du procès : Bruno Cholet, brun bedonnant à lunettes âgé de 55 ans, fait un malaise après vingt minutes d'audience. Il est évacué de la salle, paraissant inconscient, alors que la présidente de la cour, Xavière Siméoni, vient juste de tirer au sort les six jurés. Le procès est suspendu jusqu’au lendemain. Depuis, l’accusé dort à l'hôpital de l'Hôtel-Dieu (Paris), afin d'y être maintenu sous surveillance médicale.
Tout l’accuse…
Les preuves contre Bruno Cholet sont accablantes : des traces d'ADN semblables à celui de la victime ont été découvertes sur un pistolet retrouvé dans le coffre de son véhicule, ainsi qu'une boîte de cartouches et des menottes. Ces objets étaient contenus dans un sac portant l'inscription au feutre "Susanna 377", que le suspect avait un temps enterré dans le bois de Boulogne.
Les témoignages à charge, quant à eux, se succèdent. Un gendarme s’est dit persuadé de le reconnaître sur les images de vidéosurveillance où l’on voit un homme filmé en train de retirer de l'argent à un distributeur automatique à Senlis (Oise), avec une carte bancaire de la victime, le 19 avril, jour de sa disparition. Trois jeunes femmes l’ont aussi accablé en décrivant, à la barre, leur frayeur et leur sentiment d'avoir elles-mêmes échappé de peu à la mort après être montées dans son faux taxi.
... mais il nie les faits et se dit victime d’un coup monté
Malgré tout, Brunot Cholet conteste ces témoignages et continue de se dire étranger au meurtre de la jeune Suédoise. Il a entendu, sans manifester d'émotion particulière, les paroles bouleversantes des parents de la victime. "Je ne suis pas concerné par le meurtre de leur enfant", s’est-il contenté de répondre.
L’homme soutient être l’objet d'une "affaire montée de toutes pièces" par la police, qu'il accuse depuis son interpellation d'avoir fabriqué des preuves contre lui. Ce délinquant multirécidiviste assure que "la police a voulu [qu'il] travaille pour elle", à une époque où il trempait dans le trafic de drogue. "J'ai refusé et depuis, je n'ai pas cessé d'avoir des problèmes", a-t-il lancé jeudi soir avec aplomb à la cour, dans un nouvel échange plutôt tendu avec la présidente, Xavière Siméoni, agacée par son arrogance.
Habitué des prétoires, il parle à la place de ses avocats
Condamné à une dizaine de reprises, dont deux fois pour des viols, Bruno Cholet est un habitué des procès. Il prend des notes, conteste les témoignages, veut poser lui-même des questions, court-circuitant les deux avocats chargés de défendre ce client difficile.
Debout au micro dans le box aux vitres blindées, l'accusé, volubile, intervient avec assurance dans les débats. Il a raconté son enfance rythmée par les placements en foyer puis les séjours en prison. "J'ai toujours été placé", quasiment dès la naissance, relate l'accusé, qui se compare à un "sac de patates" ballotté de foyers en institutions. Sa mère, Marie-Louise, serveuse, devait travailler et ne pouvait pas s'occuper de lui, explique-t-il. "Ma scolarisation s'est faite en prison, madame le juge...", poursuit-il, disant avoir été écroué pour la première fois à l'âge de 12 ans, pendant quinze jours, pour un vol de cyclomoteur.
Il se présente nu à l’audience
Vendredi, pour exiger de ne plus passer les nuits à l'hôpital, il refuse d'entrer dans le box, allant jusqu'à se déshabiller dans la souricière. "Le détenu est nu", annonce le gendarme à la présidente de la cour. "On ne peut pas lui mettre une chemise de force ? Alors il va comparaître nu" et s'expose au "délit d'exhibition sexuelle", répond celle-ci, excédée.
Finalement, Bruno Cholet s'est ravisé et a assisté à l'audience avec les pantalons noir, chemise parme et veste crème qu'il porte depuis mardi.
Il revendique son faible pour le luxe
Les gens qui ont connu Bruno Cholet décrivent son goût du luxe et des beaux vêtements, son attirance pour les jeunes femmes minces et blondes. Lui-même revendique un faible pour les beaux quartiers parisiens et se fait fort de n'avoir jamais porté de baskets, sauf en prison, ni acheté de costume dans un magasin à prix cassés.
Une ancienne amie a relevé jeudi son "sens de l'humour et des affaires" et, à la surprise de l'auditoire, a dit l'avoir trouvé "charismatique". Les psychiatres et psychologues, eux, le décrivent aujourd'hui comme un pervers psychopathe et le jugent très dangereux.
Son procès doit se dérouler jusqu'au 14 septembre. Il encourt la réclusion à perpétuité avec 22 ans de sûreté.
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