Affaire de pédophilie dans une famille en Isère : "Cela met au jour les incestes intergénérationnels, malheureusement quotidiens"
Sept personnes, dont quatre de la même famille, sont soupçonnées de viols et d'attouchements sexuels sur une fratrie de trois enfants de leur entourage à Bourgoin-Jallieu. Selon la présidente de la fédération d'associations La voix de l'enfant, des enfants sont victimes "tous les jours" de violences sexuelles.
Sept personnes, dont quatre de la même famille, sont soupçonnées de viols et d'attouchements sexuels sur une fratrie de trois enfants de leur entourage à Bourgoin-Jallieu (Isère). "Cette affaire met au jour les incestes intergénérationnels (...) malheureusement quotidiens", déplore vendredi 8 mars sur franceinfo Martine Brousse, présidente de la fédération d'associations La voix de l'enfant.
Dans cette affaire, la mère, le beau-père, l'oncle et la grand-mère des trois enfants, deux filles de 4 et 7 ans et leur demi-frère de 10 ans, ont été mis en examen mercredi 6 et jeudi 7 mars et placés en détention provisoire. Trois autres personnes, dont l'identité n'a pas été révélée par le parquet, ont été mises en examen "pour des faits de même nature" et ont été placées sous contrôle judiciaire.
franceinfo : Est-il très rare que des affaires comme celles-ci soient exposées au grand jour ?
Martine Brousse : Peu d'affaires d'enfants font l'actualité et malheureusement c'est encore un drame, un drame de violences d'enfants, de violences sexuelles. L'enquête nous dira s'il y a eu d'autres violences sur ces trois enfants. Cette affaire met au jour les incestes intergénérationnels et c'est très rare alors qu'ils sont malheureusement quotidiens. Qui savait ? Qui savait dans cette famille ? C'est du huis-clos.
Les affaires qui arrivent en justice nous apprennent qu'en matière de maltraitance physique, ce sont un à deux enfants qui meurent chaque semaine et en matière de violences sexuelles, c'est tous les jours que les enfants en sont victimes. Chaque fois qu'une affaire comme celle-ci sort, on se dit que ce n'est pas possible, qu'on avait dit "plus jamais". À nouveau, nous y sommes confrontés. Il va falloir prendre des mesures. Notre nouveau secrétaire d'État, Adrien Taquet, en fait une priorité, on ne peut que s'en réjouir, mais au-delà des mots, il faut des actes.
Quelles mesures prendre ?
Il faut appliquer la loi. Nous avons une des meilleures législations même s'il y a des améliorations à apporter. Il faut un référentiel national. Aujourd'hui, d'un département à l'autre (puisque ce sont les départements qui ont en charge la protection de l'enfance), les critères pour repérer la maltraitance, les violences sexuelles, ne sont pas les mêmes. Et il faut que les gens n'aient pas peur : ce n'est pas de la délation, ce n'est pas de la dénonciation, c'est un signalement, c'est apporter une assistance à des enfants en danger. Il faut appeler le 119. Si aucun fait ne s'avère, des gens auront malheureusement été embêtés, inquiétés, mais au prix de la vie d'un enfant, ça vaut peut-être la peine, non ?
On se souvient de l'affaire d'Outreau, qui avait certes débouché sur des condamnations, mais aussi sur des erreurs judiciaires. Qu'est-ce qui a changé depuis dans le recueil de la parole de l'enfant ?
Aujourd'hui, à l'initiative de La voix de l'enfant, il y a plus de soixante unités d'accueil dans les hôpitaux, où ce sont les professionnels, les enquêteurs, les magistrats, les médecins, qui viennent au chevet de l'enfant victime. Ils sont volontaires, ils sont formés. Il ne faut pas tomber dans le piège, il ne faut pas oublier les erreurs, mais il y a encore des adultes en prison. Les enfants n'ont pas menti, ils ont dit leur souffrance, donc leur vérité. C'est aux adultes d'aller chercher la vérité judiciaire. La parole de l'enfant n'est pas l'élément de preuve principal. Nous voyons qu'une famille acquittée dans l'affaire d'Outreau est récidiviste, il faut être prudent.
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