Comment a-t-on pu en arriver à une telle erreur judiciaire ?Quelles ont été les conditions de l'obtention des aveux de Marc Machin ? Desaveux "sous la pression ", raconte l'homme qui a passé presque sept ansen prison pour rien. Au deuxième jour du procès en révision, l'enquêtepolicière a été décortiquée pour tenter de comprendre.Marie-Agnès Bedot, 45 ans, avait été tuée à coups de couteau, tôtle matin du 1er décembre 2001 sur le pont de Neuilly. Marc Machin est déclarécoupable. En 2008, David Sagno, le véritable tueur, se dénonce."Je suis quasi certaine que c'est lui "Premier élément de l'enquête observé à la loupe : le témoignaged'une infirmière, qui ce matin-là avait été abordée à proximité du lieu ducrime par un homme qui lui avait fait des avances sexuelles.Le rapprochement avait été fait avec Marc Machin, qui avaitemployé quasiment la même phrase lors d'une agression sexuelle l'annéeprécédente.Parmi huit photos, l'infirmière avait désigné la sienne. Une foisle jeune homme de 19 ans interpellé, il lui a été présenté derrière une glacesans tain, vêtu d'un blouson similaire à celui qu'elle avait décrit et"prononçant la même phrase ". "Elle a dit : "Je suis quasi certaineque c'est lui ", a rapporté Jean-Paul Copetti, ancien chef de groupe à la"Crim ".La présidente Blandine Froment s'est étonnée que les policiers n'aientpas procédé à un "tapissage" où le suspect est encadré de plusieurspersonnes sans lien avec l'affaire.Des aveux après avoir été déstabiliséEn garde à vue, Marc Machin a commencé par nier. Alors que lagarde à vue tirait à sa fin, Marc Machin a été présenté à Jean-Claude Mulès, unpolicier expérimenté, qui l'a mis en confiance pour qu'il se livre.Selon Marc Machin, ce policier a fini de le déstabiliser en luiparlant des viols qu'il avait subis étant enfant et lui a promis de l'aider àentrer dans la Légion étrangère quand il sortirait de prison.Marc Machin a alors avoué le meurtre. Il n'a pas décrit son gestemais a cité des éléments concrets. Les policiers ont contesté à l'audience luiavoir montré des photos du crime dont il aurait tiré ces éléments, comme ill'affirme.Le juge d'instructionThierry Bellancourt, devant lequel Marc Machin avait réitéré ses aveux avant dese rétracter, a jugé ces aveux "convaincants ".