Cet article date de plus de douze ans.

Affaire Karachi : un témoignage compromet Ziad Takieddine dans le volet financier

INFORMATION FRANCE INFO - L'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine, intermédiaire en armement qui a travaillé pour le compte du gouvernement Balladur, semble lâché par son ancien associé, Abdul Rahman El Assir. Devant le procureur de Genève et des policiers français de la DNIF, ce dernier a livré des éléments très intéressants pour le juge Renaud Van Ruymbeke, le magistrat qui instruit le volet financier du dossier Karachi, et qui enquête sur un possible financement occulte de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur
Article rédigé par Elodie Guéguen
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Gonzalo Fuentes Reuters)

Abdul Rahman El
Assir, qui a  été arrêté au mois de mai en Suisse alors que la justice française le recherchait depuis plusieurs années, raconte d'abord qu'avec Ziad
Takieddine ils ont touché des commissions sur le contrat Agosta, un marché
d'armement conclu entre le gouvernement Balladur et le Pakistan en 1994. Ce
contrat  pourrait être la toile de fond
de l'attentat de Karachi, dans lequel onze salariés français de DCN ont trouvé
la mort en mai 2002. Or, Ziad Takieddine a toujours nié avoir participé de près
ou de loin à la signature d'Agosta, martelant ne pas avoir touché un seul
centime de commissions.

Son ancien associé affirme aujourd'hui le contraire ! Il
prétend même que Ziad Takieddine est à l'origine d'un système de paiement
occulte. "Il souhaitait recevoir sa participation en espèces" raconte El
Assir,

"c'est la raison pour laquelle nous avons mis en place le mécanisme de
mise à disposition de l'argent à Genève auprès de l'ancienne banque SCS
Alliance
".

L'argent des commissions des marchés d'armement arrivait sur le
compte personnel d'un ami d'El Assir, le Cheikh Al Sabah. Un associé des hommes
d'affaires, Mustapha El Jundi, remettait à Ziad Takieddine les espèces qu'il
recevait de la banque.

El Assir enfonce
le clou: "Ziad Takieddine souhaitait cette confidentialité car il craignait les
douanes françaises et la surveillance des banques suisses par des inspecteurs
français".

 Une audition très
intéressante pour le juge d'instruction Van Ruymbeke qui tente de démontrer que
l'argent provenant des commissions perçues par Ziad Takieddine a servi à
financer illégalement la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en
1995.

 Soupçonné par la
justice d'avoir été un intermédiaire imposé à la dernière minute lors de la
négociation de contrats d'armements avec l'Arabie Saoudite et le Pakistan, Ziad
Takieddine a été mis en examen à trois reprises dans ce dossier, pour recel
d'abus sociaux aggravé, faux témoignage et blanchiment aggravé. La justice a par
ailleurs saisi ses comptes et des biens immobiliers, dont sa villa à Antibes et
son bateau dont le juge Van Ruymbeke a demandé la
vente.

 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.