Été 2010 : le quotidien LeMonde publie les bonnes feuilles de l'audition du gestionnaire de fortunede Liliane Bettencourt. Dans ses déclarations aux limiers de la finance, Patrice de Maistre met en cause Eric Woerth, alors ministre du Budget de Nicolas Sarkozy.Le patron de la Direction centraledu renseignement intérieur (DCRI), Bernard Squarcini, commande que soient épluchées les factures téléphoniques détaillées ("fadettes") du reporteur duMonde, Gérard Davet, et d'un conseiller du ministère de la Justice, DavidSénat. Son but : identifier l'informateur du quotidien du soir.Atteinte à la sûreté nationaleDevant les juges, "le squale" reconnaît les faits.Il se justifie en affirmant avoir agi dans un cadretotalement légal, la loi de 1991 sur le secret des correspondances. Une loidont l'article 20 autorise l'analyse des "fadettes" aux "fins dedéfense des intérêts nationaux." Le parquet de Paris ne l'entend pas de cette oreille : d'éventuelles fuitesprovenant de la Chancellerie sur une affaire de droit commun ne peuvent constituer une atteinte à la sécurité nationale.Il revient maintenant aux juges d'instructionen charge du dossier de suivre ou non les réquisitions du parquet, qui demandele renvoi de Bernard Squarcini devant un tribunal correctionnel. La"collecte de données à caractère personnel par un moyen frauduleux,déloyal ou illicite", pour laquelle ce proche de Nicolas Sarkozy a été misen examen, est passible de cinq ans de prison et 300.000 euros d'amende.