Affaire Clearstream : le juge van Ruymbeke ne sera pas sanctionné
Karachi, Kerviel, frégates de Taïwan, Elf, Clearstream... Tous ces feuilletons politico-financiers
ultra-médiatiques ont un point commun : Renaud van Ruymbeke.
Le juge
emblématique de la lutte contre la corruption comparaît mercredi devant le Conseil
supérieur de la Magistrature dans le cadre d'une procédure lancée contre lui en
2006 pour son action en marge de l'affaire Clearstream.
Pas de sanction demandée
Il lui est reproché d'avoir
pris un peu trop de libertés dans ce dossier. Il avait parlé, en dehors du procès verbal, au "corbeau" de l'affaire, Jean-Louis
Gergorin. Le juge Van Ruymbeke enquêtait à l'époque sur des soupçons de rétrocommissions dans la vente de frégates à Taïwan (l'un des volets de l'affaire Karachi). Gergorin lui aurait affirmé pouvoir faire avancer son enquête, mais ne souhaitait pas apparaître dans la procédure.
Lors de la première comparution du juge devant le CSM, en 2007, la Chancellerie avait requis une simple "réprimande". Cette fois-ci, le ministère a renoncé à demander des sanctions contre le juge.
Avant l'audience, Renaud van Ruymbeke s'est dit "serein et
déterminé" , jugeant les poursuites engagées contre lui "dérisoires, à
la limite de l'absurde" .
Depuis six ans que dure cette procédure, le juge a été privé de
toute promotion. Le CSM mettra sa décision en délibéré.
Renaud van Ruymbeke, un juge poil à gratter
Très rapidement, dès le début de sa carrière, Renaud van Ruymbeke s'est heurté au pouvoir, à la droite
giscardienne pour commencer. L'affaire des terrains de Ramatuelle est marquée
par le suicide en 1979 du ministre du Travail Robert Boulin qui l'avait accusé
d'avoir voulu "faire un carton sur un ministre" .
Il hérite au début des années 90 du délicat dossier Urba-Sages sur
le financement du Parti socialiste et organise une perquisition surprise au
siège du PS, avant de mettre en examen l'ex-trésorier du parti Henri
Emmanuelli. Il devient la bête noire de l'ère Mitterrand.
Depuis 2010, il instruit un autre brûlot : le volet financier du
dossier Karachi sur des soupçons de financement illicite de la campagne
d'Edouard Balladur, dont Nicolas Sarkozy était le porte-parole en 1995.
Depuis, Jérôme Kerviel, qui
lui reproche son "aveuglement" face à aux accusations de la Société
Générale, ou encore l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine qui
l'accuse de "détournement de procédure" dans le dossier Karachi, ont
défilé dans son bureau.
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