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Journalistes enlevés: la profession indignée par les propos de Claude Guéant

Les propos du secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant sur les deux journalistes français enlevés en Afghanistan ont suscité un véritable tollé dans la profession qui avait jusqu'alors respecté un silence prudent sur la disparition de leurs confrères.
Article rédigé par franceinfo
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Une soixantaine de journalistes, dont Florence Aubenas, "amis et soutiens des deux journalistes et de leurs accompagnateurs afghans" ont signé un texte, refusant que la réputation de ces derniers ne soit "salie". Claude Guéant avait en effet estimé hier que le "scoop ne devait pas être recherché à tout prix".

"Nous ne pouvons pas admettre que des responsables politiques mettent en cause la probité professionnelle de nos confrères et amis. Nous n'accepterons pas que la réputation de nos confrères soit salie et diminuée alors même qu'ils sont encore aux mains de leurs ravisseurs et qu'ils n'ont pas encore livré le récit de leur enlèvement", écrivent les signataires. "Puisque la recommandation est à la discrétion, ajoutent-ils, nous aurions souhaité que les responsables politiques soient les premiers à faire preuve de retenue. Loin des contre-vérités et des polémiques", ajoutent les signataires, issus notamment des rédactions de France 3, France 2, France Inter, du journal Le Monde ou de l'Agence Capa.

Les deux journalistes enlevés "font courir des risques aussi à beaucoup de nos forces armées", avait ajouté Claude Guéant, soulignant le "coût tout à fait considérable" de l'enlèvement. Florence Aubenas, ex-otage en Irak a trouvé ces propos "très blessants", pour les journalistes et pour les familles. "On parle de la liberté d'informer et on vient leur dire que l'addition est lourde. Elle est d'abord lourde" pour les otages, a-t-elle expliqué. Florence Aubenas, à l'époque journaliste à Libération, avait été enlevée et séquestrée en Irak de janvier à juin 2005.
[LIRE L'INTERVIEW de Florence Aubenas]

La Société des journalistes (SdJ) de France 3 s'est déclarée "scandalisée": "Cette grave remise en cause de nos collègues, kidnappés dans l'exercice de leur métier, révèle un cynisme effrayant". "En communiquant sur le "coût" supposé des recherches entreprises pour nos collègues et leurs accompagnateurs, le conseiller Guéant ne craint ni l'outrance, ni l'indécence" , ajoute-t-elle.

"Les journalistes font leur travail, que les politiques fassent le leur" , a pour sa part déclaré Dominique Pradalié, secrétaire générale du syndicat national des journalistes (SNJ). Qualifiant les déclarations de Claude Guéant de "choquantes", Reporters sans frontières (RSF) a de son côté demandé un rendez-vous officiel à l'Elysée.

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