"Un modèle à suivre", "un signal fort"... Comment la presse étrangère parle de l'inscription de l'IVG dans la Constitution française

Des Etats-Unis à l'Espagne, du Chili à l'Allemagne, voici comment les médias internationaux commentent "le jour historique" vécu en France lundi.
Article rédigé par franceinfo
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L'inscription du droit à l'interruption volontaire de grossesse dans la Constitution française est saluée dans la presse étrangère, le 5 mars 2024. (HELOISE KROB / FRANCEINFO)

"French enshrines Abortion rights", écrit le New York Times. "França é primeiro pais a elevar o direito ao aborto à Constituiçao", titre O Globo. Des Etats-Unis au Brésil, de l'Espagne au Royaume-Uni, de l'Italie au Japon... C'est toute la presse étrangère qui salue, mardi 5 mars, l'introduction de l'interruption volontaire de grossesse" (IVG) dans la Constitution française. "Un moment historique", "une promesse pour les femmes du monde entier", mais aussi une alerte pour certains pays où ce droit fondamental "n'existe toujours pas". Revue de presse.  

"Une décision historique"

C'est une séquence qui a marqué les journalistes du Washington Post. Au moment de l'énoncé des résultats du vote à Versailles, lundi après-midi, les centaines de personnes réunies sur la place du Trocadéro ont soudainement chantonné "Who run the world ? Girls" ("Qui domine le monde ? Les filles"), le tube de Beyoncé. Parce qu'à cet instant, la France a fait de l'avortement "un droit constitutionnel", s'enthousiasme le Guardian. D'ailleurs, "la France est le premier pays au monde à défendre la liberté de l'avortement en l'inscrivant dans sa Constitution", rappelle à juste titre El Pais, cité par Courrier international. Le journal espagnol semble avoir apprécié cette "cérémonie solennelle et émouvante, dans le cadre auguste de l'hémicycle de l'aile sud du château de Versailles, symbole du pouvoir absolu de Louis XIV, le Roi-Soleil, et de la grandeur, la grandeur française".

Au Brésil, le quotidien O Globo a, lui, publié en grand une photo du Congrès à Versailles, et titre ainsi : "Dans une décision historique, la France devient le premier pays à protéger explicitement le droit à l'avortement dans la Constitution." En Italie, Corriere della sera relate qu'"en France, l'avortement devient un droit protégé par la Constitution" et évoque "une promesse pour les femmes du monde entier". 

"Un signal fort aux femmes du monde entier"

"Rien ni personne ne pourra retirer aux Françaises le droit de mettre fin à une grossesse non désirée dans un avenir proche ou lointain", salue Die Welt. Mais le vote français est, de fait, aussi, "un signal fort de Macron aux femmes du monde entier". Un signal, continue le quotidien allemand, "à tous les pays occidentaux où ce droit laborieusement gagné dans les années 1970 a ensuite été remis en question ou retiré". C'est pourquoi "l'Allemagne, où le droit à l’avortement n'existe toujours pas, devrait se sentir interpellée, estime Die Welt. Ce droit avait été retiré aux citoyens de la RDA lors de la réunification". 

Le quotidien italien La Repubblica, lui, voit dans ce débat "un affrontement avec le Vatican", qui s'oppose à tout "droit à supprimer une vie humaine". Ces dernières années, plusieurs pays d'Europe, dont la Pologne et la Hongrie, ont restreint l'accès à l'avortement.

La France, un modèle à suivre

Nos confrères de Die Welt veulent y croire. "La commission mise en place par le gouvernement fédéral pour clarifier la question de l'illégalité suivra, espérons-le, la détermination française", écrit le journal allemand. Le vote historique à Versailles a aussi été salué à 11 000 kilomètres de là, jusqu'en Amérique du Sud. Le journal Clarín rappelle le précédent chilien. "Avant la France, le Chili avait déjà tenté d'introduire le droit des femmes à une interruption volontaire de grossesse dans son projet de nouvelle Constitution en 2022". Mais les Chiliens l'ont rejeté lors d'un référendum organisé en 2022.

Alors, pourquoi la France et pas les autres ? Le New York Times a une hypothèse. "Contrairement aux Etats-Unis, la question de l'avortement en France n'est pas politiquement chargée et ne suscite pas de fortes divisions, analyse le journal américain. Au contraire, la plupart des Français estiment que l'avortement est un service de santé publique de base et un droit de la femme".

Le vote français de lundi intervient presque deux ans après que la Cour suprême américaine a suspendu la reconnaissance de la procédure comme droit fédéral. Depuis juin 2022, chaque Etat américain est en effet désormais libre d'interdire l'IVG sur son sol. D'ailleurs, le Wall Street Journal rappelle que c'est l'abrogation de l'arrêt Roe vs Wade qui a incité Emmanuel Macron à "faire de l'avortement un droit irréversible en France". "Oui, la liberté d'avorter reste menacée, nos droits sont intrinsèquement menacés, intrinsèquement fragiles, a déclaré le Premier ministre Gabriel Attal dans l'enceinte versaillaise. Avant d'ajouter ceci : "Parlez-en aux Américaines qui doivent se battre pour le droit à l'IVG, qui sont passées de l'insouciance à l'angoisse."

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