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Santé : inquiétude autour de pénuries de pilules abortives en France

Des pénuries de pilules abortives constatées ces dernières semaines en France font craindre une limitation à l'accès à l'avortement, alerte l'Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament.
Article rédigé par franceinfo - avec France Bleu et France Inter
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Temps de lecture : 2min
Pilules de misoprostol, dans un centre de planning familial dans le Maryland aux États-Unis, le 13 avril 2023. (ANNA MONEYMAKER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / VIA AFP)

L'Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament alerte sur des pénuries depuis plusieurs semaines de misoprostol, utilisé pour les avortements médicamenteux, rapportent France Bleu et France Inter mardi. Des pilules abortives parfois introuvables pour des centres de santé ou de planification, comme à Lille début avril, ou en Ile-de-France, alors qu'elles sont utilisées dans 76% des IVG en France.

"Il y a bien des pénuries de pilules abortives par endroits et par séquences", s'inquiète l'Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament dans son dernier rapport sur le misoprostol, "il est inacceptable qu'un médicament aussi important soit indisponible, ne serait-ce qu’une semaine". La recherche de solutions "détourne le temps des soignants", explique l'Observatoire "et plonge dans l’angoisse les personnes qui ont besoin d'un accès rapide", faisant craindre une limitation de l'accès à l'avortement, à cause de trop grands délais pour se procurer la molécule.

Pas de génériques

Les raisons de cette pénurie sont multiples : "Le misoprostol est sous brevets, il n'y a pas de génériques, ni de produits équivalents. Les monopoles conférés (...) permettent à leurs détenteurs, Norgine et Nordic Pharma, de concentrer la production des pilules dans un nombre très restreint de sites". Or, précise l'Observatoire, cette concentration de la production rend la chaîne d'approvisionnement vulnérable.

"Il doit y avoir une réponse immédiate de la part du gouvernement" pour "protéger le droit à l'avortement", assure sur France Inter Sarah Durocher, présidente du Planning familial. La sénatrice socialiste Laurence Rossignol a elle saisi le ministère de la Santé, comme elle l'explique dans un tweet le 14 avril dernier. Selon l'Observatoire, le site de l'ANSM annonce une date de remise à disposition pour fin avril, mais sans garanties d'un retour à la normale.

Le misoprostol est une pilule abortive qui permet de provoquer l'expulsion de l'embryon. Elle doit être prise 36 à 48 heures après une autre pilule, qui, elle, interrompt la grossesse. Le misoprostol est aussi utilisé en amont des IVG non médicamenteuses et pour l'accompagnement des fausses couches.

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