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Salvador : violée, elle perd son enfant et écope de 30 ans de prison

L'adolescente a été reconnu coupable d'avortement.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des Salvadoriennes manifestent pour la décriminalisation de l'avortement, le 23 février 2017 à San Salvador (Salvador). (MARVIN RECINOS / AFP)

La triple peine. Tombée enceinte après un viol, une adolescente qui a perdu son bébé a été reconnue coupable d'homicide et condamnée à 30 ans de prison au Salvador, a dénoncé vendredi 7 juillet un collectif féministe. L'avortement est totalement interdit dans ce pays très catholique d'Amérique centrale.

L'étudiante, qui avait 18 ans au moment des faits, avait accouché le 6 avril 2016 dans la salle de bain de son modeste logement d'une commune rurale, à huit de mois de grossesse. Selon son témoignage rapporté par le collectif, le bébé était mort-né. Sa grossesse était due à un viol qu'elle n'avait pas dénoncé à la police en raison de menaces à sa famille.

Une condamnation "injuste"

Sa condamnation pour avortement "est injuste et nous allons faire appel", a déclaré à l'AFP Morena Herrera, du Groupement citoyen pour la dépénalisation de l'avortement thérapeutique, éthique et eugénique (ACDATEE). La jeune femme a été condamnée mercredi par un tribunal de Cojutepeque (est) "sans aucune preuve directe", a-t-elle affirmé, accusant la justice d'agir selon "des préjugés". L'autopsie avait montré que le bébé avait succombé à une "pneumonie".

Au Salvador, l'avortement est totalement interdit et même les femmes avortant en raison de complications peuvent être condamnées à des peines pouvant aller jusqu'à 40 ans de prison. Actuellement, 17 femmes sont incarcérées dans ce pays d'Amérique centrale pour avortement, classé homicide avec circonstances aggravantes.

La sévérité de la législation salvadorienne avait connu un écho international en 2013 avec le cas de la jeune Beatriz, 22 ans, atteinte de lupus et qui n'avait pas été autorisée à avorter d'un foetus dépourvu de cerveau. Après une intervention de la Cour interaméricaine des droits de l'homme, l'Etat avait finalement autorisé en juin 2013 qu'on lui pratique une césarienne. Le nouveau-né était décédé au bout de quelques heures. Depuis octobre dernier, le Parlement salvadorien étudie un projet pour dépénaliser l'avortement, mais le débat est pour l'instant gelé en raison de l'opposition des partis de droite.

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