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Initiative CALM : déjà 500 Français volontaires pour héberger des réfugiés

Face à l’afflux de réfugiés en France, une association, Singa, lance l’initiative CALM (Comme A La Maison). Ce site web permet à des familles d’héberger des demandeurs d'asile pendant plusieurs mois.
Article rédigé par Camille Revel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
  (500 Français ont déjà postulé à l’initiative CALM pour héberger des réfugiés, mais les équipes de Singa trient attentivement les candidatures © Radio France - Camille Revel)

L'initiative CALM, lancée par l’association Singa, fonctionne un peu comme un site de rencontre solidaire. Le principe : les Français qui disposent d’une chambre libre pendant au moins deux semaines peuvent s’inscrire pour proposer d’héberger un ou plusieurs réfugiés. Il n’y a aucune contrepartie financière. Une condition, en revanche : les demandes d’asile de ces réfugiés doivent avoir été acceptées.

CALM rencontre un fort succès

Mercredi, 200 personnes s’étaient proposées comme hôtes, elles étaient 500 jeudi. Ces logeurs potentiels ont des profils très divers, explique la cofondatrice de Singa, Alice Barbe : "Nous avons beaucoup de familles qui ont des chambres libres parce que les enfants ont grandi et sont partis, on a aussi des personnes seules, ou des agriculteurs, des gens qui habitent en milieu rural. On a même quelqu’un qui habite un château ! "

*"Je me souviens de l’angoisse dans la rue, c’est terrible. S’il y a une famille qui peut t’entourer, c’est hyper important" (Carlos, accompagnateur de projet pour Singa) *

Pour l’heure, 50 réfugiés ont fait une demande d’hébergement via CALM. Venus de Syrie, d’Erythrée ou du Soudan, ils sont nombreux à se trouver en difficultés. Carlos, accompagnateur de projet pour Singa, s’est retrouvé dans ce cas quand il a fui la Colombie il y a quatre ans : "J’ai passé quatre mois dans la rue, explique-t-il, entre le 115 et la Pitié Salpêtrière parfois. Et puis, un journaliste a fait un reportage où il m’a interviewé, en demandant comment on fait pour vivre dans le froid. Le lendemain, une famille française m’a contacté. Au début j’étais très impressionné timide. Le père de famille a fixé des règles, il m’a dit qu’il m’accueillerait trois mois. Finalement, je suis resté deux ans. Au bout d’un an j’ai voulu partir, j’avais trouvé un emploi et un logement, mais la famille m’a dit de rester." 

Des colocations aussi bénéfiques pour les logeurs

Marie, a hébergé un réfugié l’été dernier : "C’était un homme d’une quarantaine d’années, qui travaille pour les droits de l’Homme, très investi. C’était vraiment une découverte géniale, en plus il travaillait sur des sujets que j’aime beaucoup, le droit international, l’économie solidaire. On s’est rencontrés, je me suis dit 'Ca va le faire !'. Des personnes m’ont demandé si ça ne me faisait pas peur, je me suis dit non. Au début j’ai quand même fixé des règles, je lui ai demandé s’il voyait les choses de la même manière, c’était le cas, et ça c’est très bien passé." Les deux colocataires se sont entraidés : "Moi j’avais beaucoup de questions sur le droit international, lui sur comment chercher du travail en France."

  (Autour de la co-fondatrice de Singa Alice Barbe (2e en partant de la gauche), l’équipe de l’association lance CALM, initiative permettant aux Français volontaires d’héberger des réfugiés © Radio France - Camille Revel)
 

Des règles bien établies par Singa

Pour que cette "colocation" se passe bien, Singa fixe des règles : avec une charte pour le logeur et la personne hébergée, une disponibilité 24h/24 en cas de problème et la présence d’un médiateur si besoin. L’association propose aussi des formations et multiplie actuellement les réunions avec les familles intéressées, pour les former et qu'elles s'engagent dans l'aventure dans les meilleures conditions. L'engagement n'est pas financier, ni définitif : dans le cas où l'une des deux parties ne souhaite pas continuer la colocation, "on essaie de régler le problème mais si ça ne fonctionne pas, on arrête" , assure Alice Barbe. CALM est partie d'un constat simple : les réfugiés statutaires ont des droits - notamment celui de travailler - mais ils ne connaissent souvent aucun Français, n'ont aucun réseau, et cela bloque leur intégration.  Pourtant "les réfugiés ce sont des entrepreneurs, des talents, une source de richesse inter-culturelle, de créations d'emploi", assure Alice Barbe. D'où l'idée de leur trouver une solution temporaire de logement "pour se poser, mieux comprendre la société dans laquelle ils sont, rencontrer des Français et surtout pour plus de sérénité pendant toute cette période de stress et d'anxiété. "  Afin de poursuivre son développement, l’association Singa va lancer une campagne de crowdfunding - financement participatif- fin septembre.

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