Cet article date de plus d'un an.

Demandes d'asile, régularisations, expulsions... Ce qu'il faut retenir des chiffres de l'immigration en 2022

Le ministère de l'Intérieur communique ces données pour l'année écoulée alors que le gouvernement présente mercredi en Conseil des ministres un projet de loi visant à "contrôler l'immigration" et "améliorer l'intégration".
Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5 min
Les forces de l'ordre contrôlent des exilés installés sous le métro aérien, à Paris, le 28 décembre 2022. (ANNA MARGUERITAT / HANS LUCAS / AFP)

En France, les demandes d'asile ont augmenté de 31% en 2022 se rapprochant de leur niveau d'avant la pandémie de Covid-19, selon les chiffres annoncés jeudi 26 janvier par le ministère de l'Intérieur. Outre les demandes d'asile, la plupart des indicateurs de l'immigration (titres de séjour, régularisations, expulsions) sont également en hausse. "Les effets de la crise sanitaire, qui ont marqué les flux migratoires en 2020 et 2021, sont aujourd'hui partiellement effacés", explique le ministère. Ce bilan migratoire de l'année écoulée survient alors que le gouvernement présente mercredi en Conseil des ministres son projet de loi immigration dont l'objectif affiché est de "contrôler l'immigration" et "améliorer l'intégration".

Des demandes d'asile proches du niveau record

Le nombre de demandes d'asile a retrouvé son niveau de 2019, avant la pandémie de Covid-19, avec 137 046 premières demandes formulées en guichets uniques (Guda), contre 138 420 il y a trois ans. C'est 31,3% de plus qu'en 2021. Au total, 156 103 demandes ont été effectuées, soit plus qu'en 2019 (151 283). Comme en 2021, l'Afghanistan est le principal pays d'origine des demandeurs d'asile, avec 22 570 demandes en 2022. Suivent le Bangladesh, la Turquie, la Géorgie et la République démocratique du Congo. L'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) et la Cour nationale du droit d'asile (CNDA) combinés, 56 179 personnes ont reçu l'asile en 2022, soit légèrement plus qu'en 2021 (54 379).

3,8 millions d'étrangers titulaires d'un titre de séjour

En 2022, 34 029 personnes sans-papiers ont été régularisés, soit une hausse de 7,8% par rapport à 2021. Cette tendance s'explique par une augmentation de 29,1% des délivrances "d'admissions exceptionnelles au séjour" à des salariés en situation irrégulière (10 683 contre 8 275 en 2021). Au total, 320 330 premiers titres de séjour ont été délivrés en 2022, 17,2% de plus qu'en 2021. Le Monde rappelle que 193 000 premiers titres avaient été délivrés en 2012 et 172 000 en 2007.

Au total, en France, 3,8 millions de ressortissants étrangers sont aujourd'hui titulaires d'un titre de séjour. L'Algérie, le Maroc et la Tunisie figurent en tête des pays d'origine, assure le quotidien. Le nombre de titres de séjour pour motif étudiant (108 340) "dépasse pour la première fois le motif familial" (90 385), a détaillé le ministère de l'Intérieur. Il s'agit d'une "transformation progressive des flux migratoires (...) en lien direct avec les besoins de notre économie".

Ainsi, l'immigration économique a connu la plus forte croissance pour ce qui est de la délivrance des premiers titres de séjour. "L'immigration économique croît de 45%, en lien direct avec les besoins de notre économie dans cette période et une politique d'attraction des talents", a souligné le directeur général des étrangers en France, Eric Jalon, cité par Le Monde. Enfin, concernant les Britanniques, après une année 2021 "exceptionnelle" en raison du Brexit (99 695 premiers titres de séjour délivrés), l'année 2022 a été marquée par un retour à la normale (10 386).

Les expulsions augmentent mais restent plus bas qu'avant le Covid-19

Les "éloignements" ont augmenté de 15% en 2022 : 15 396 ont été recensés par l'Intérieur, contre 13 403 l'année précédente. Ce chiffre demeure inférieur d'un tiers à son niveau d'avant la pandémie (23 746 en 2019). Une grande majorité de ces expulsions (11 410, soit les trois quarts) ont été forcées, a précisé le ministère de l'Intérieur. Le reste de ces éloignements sont dits aidés (2 098) ou spontanés (1 888). Enfin, 3 615 étrangers délinquants ont été expulsés en 2022, contre 1 834 en 2021, a précisé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sur Twitter.

Le gouvernement a refusé de communiquer le chiffre très sensible du taux d'exécution des "OQTF" (obligations de quitter le territoire français), en dessous de 10% ces dernières années.

>>Immigration : l'OQTF, un outil de plus en plus systématique pour "fragiliser le séjour des étrangers en France", selon des avocats

L'impact de la guerre en Ukraine

Fin 2022, 65 833 Ukrainiens majeurs, dont 75% de femmes, ont bénéficié en France de la protection temporaire, un dispositif européen qui leur permet de bénéficier d'une prise en charge et d'un droit au séjour sans solliciter le statut de réfugié. Les régions accueillant le plus d'Ukrainiens sont, dans l'ordre, l'Ile-de-France, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Auvergne-Rhône-Alpes et le Grand Est. Les Ukrainiens "sont beaucoup moins nombreux" à demander l'asile, dispositif de plus long terme, a observé le ministère de l'Intérieur. Ils sont 2 187 à avoir effectué une demande d'asile en 2022, et 702 à l'avoir obtenu.

"Si on rajoute les Ukrainiens (aux demandes d'asile), c'est un niveau d'immigration inédit en France", a souligné le directeur général de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii), Didier Leschi. Pour autant, cette situation, dans un contexte de saturation des structures d'hébergement d'urgence, n'a pas fait imploser le système, car les Ukrainiens "ne sont pas placés dans le dispositif national d'accueil" traditionnel.

Des naturalisations et des visas au niveau pré-pandémie

Le nombre de naturalisations a reculé en 2022, avec 78 711 accès à la nationalité française contre 94 092 en 2021. Mais le niveau de l'année écoulée approche celui d'avant la pandémie (77 778 en 2018, 76 710 en 2019). L'année 2021 avait connu un nombre élevé de naturalisations en raison de "la reprise d'activité et l'effet rattrapage", ainsi que de "la mise en place du dispositif de reconnaissance de l'engagement des étrangers en 'première ligne' pendant la crise de la Covid-19". "Sur moyen-long terme, on constate une tendance à la baisse", a relevé toutefois le ministère de l'Intérieur. En 2010, plus de 100 000 personnes avaient acquis la nationalité française.

Enfin, malgré des hausses de près de 140% par rapport à 2021, les demandes et délivrances de visas demeurent inférieures de moitié aux niveaux atteints en 2018 et 2019, avant la pandémie. Ainsi, 1,7 million de visas ont été délivrés en 2022, sur 2,3 millions de demandes. En 2020 et 2021, le Covid-19 avait fait chuter les délivrances de visas à environ 700 000 par an.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.