HLM à prix cassé : place à la polémique droite-gauche
Il n’aura fallu que 24 heures au gouvernement pour tirer les conclusions des révélations du Canard enchaîné. Hier matin, le directeur de cabinet de Christine Boutin, ministre du Logement, a été limogé. “Touché-coulé” par l’article de l’hebdomadaire satirique sur le logement de 190 mètres carrés qu’il occupe depuis plus de 25 ans dans les beaux quartiers de Paris ; un HLM à 6,30 euros le mètre carré, quatre à cinq fois en-dessous du prix du marché (LIRE NOS ARTICLES).
Mais en retrouvant sa "liberté de parole", Jean-Paul Bolufer a décidé de raviver un feu encore incandescent. Sur France Info, le décomplexé ex-directeur de cabinet de Christine Boutin a réitéré se demande de publication par la RIVP (son bailleur) de la liste de "l’ensemble de ses appartements, leur localisation, leur surface, leur loyers" et "éventuellement" leurs occupants et leurs conditions de revenus.
Un peu plus tôt dans la journée, la députée Nadine Morano (UMP) avait réclamé "un grand ménage".
Réponse de la gauche parisienne : "Le comble, c’est de voir Yves Jégo (ndlr : porte-parole de l’UMP) attaquer la ville de Paris au nom de l’UMP, sous prétexte qu’on n’aurait pas fait le vide des pratiques antérieures de son propre camp", tranche Jean-Yves Mano, ajoint (PS) au Logement.
Car, comme le rappelle Bertrand Delanoë, maire de Paris, la municipalité socialiste gère l’héritage des "années RPR". Le "système chiraco-tibérien", renchérit Jean-Yves Mano. Précisant que la RIVP n’était passée dans le giron de la ville qu’en janvier 2007 et que son directeur avait changé en septembre seulement. "Entre-temps, M. Bolufer dont l’appartement avait été sous-loué, a eu la délicate attention de demander à la RIVP qu’il soit repeint avant de le réintégrer", ironise Jean-Yves Mano.
La chef de cabinet de Fadela Amara aussi
Marie-Christine Blanchard-Amelin le révèle ce matin : elle aussi est logée en HLM à prix très modéré. La chef de cabinet de la secrétaire d'Etat à la politique de la Ville occupe un 80 m2 à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) pour 420 euros par mois. Un logement, situé en zone urbaine sensible (ZUS), qu'elle a décroché il y a 23 ans lorsqu'elle était fonctionnaire "en bas de l'échelle", déclare-t-elle chez nos confrères de RTL. L'intéressée se dite prête à "payer un surloyer si la règlementation l'exige".
Ce n’est pas le parc social aujourd’hui qui pourrait abriter "des problèmes scandaleux", ajoute Jean-Yves Mano, l’adjoint au maire de Paris en charge du Logement. "En revanche, il y a encore un patrimoine de niveau intermédiaire à Paris, qui avait été attribué dans plafond de ressources et où sont payés des loyers en 8 et 12 euros le m2 par des ménages aux ressources parfois conséquentes".
Les Verts parisiens estiment que cette affaire "illustre la persistance à Paris de pratiques détestables et insupportables". Symboliquement, ils ont déplié ce matin une toile de tente de SDF devant l’immeuble de Jean-Paul Bolufer (notre photo), pour demander la conversion des 48.000 logements de même type gérés par la ville en logements sociaux.
Au cours des années écoulées, diverses études ont montré que de très nombreuses personnalités politiques, économiques ou des journalistes bénéficiaient de passe-droits pour l’accès aux logements recherchés dans la capitale, contrôlés par la Ville.
Gilles Halais
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