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"Woman", un film pour "célébrer les femmes" et mettre "une claque très positive" aux hommes

Les cinéastes Anastasia Mikova et Yann Arthus-Bertrand ont rencontré plus de 4 000 femmes pour tourner le documentaire.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Anastasia Mikova, co-réalisatrice du film "Women", le 26 septembre 2019 à Los Angeles. (VALERIE MACON / AFP)

Le documentaire d'Anastasia Mikova et Yann Arthus-Bertrand, Woman, sort mercredi 4 mars dans les salles après deux ans de tournage. Plus de 4 000 femmes ont été filmées et 2 000 interviewées par une équipe majoritairement composée de femmes. Elles viennent du monde entier, ont tous les âges et posent leur regard sur ce que c'est que d'être une femme aujourd'hui. "Tout l'enjeu, pour moi, c'est que les femmes se sentent vraiment célébrées en voyant ce film", assure la co-réalisatrice Anastasia Mikova. Au fil du tournage, la cinéaste a senti un lien fort avec toutes les femmes qu'elle a rencontré. " En menant les entretiens, je l'ai ressenti. En étant à l'autre bout du monde, au Bangladesh, avec des femmes dont la vie n'avait rien à voir avec la mienne, je me disais : mais je ris avec elles, je pleure avec elles, je suis en colère avec elles."  

Je ressens cette sororité, je la ressens viscéralement.

Anastasia Mikova, co-réalisatrice de "Woman"

à franceinfo

Cinéma : Woman, quand les femmes libèrent leur parole
Cinéma : Woman, quand les femmes libèrent leur parole Cinéma : Woman, quand les femmes libèrent leur parole (France 3)

Le titre du film, Woman, a un "e" qui se transforme en "a" pour marquer aussi la singularité de chacune. "Chacune de ces femmes est singulière, est unique et en même temps, il y a quelque chose qui nous unit toutes, qui fait de nous des femmes", explique Anastasia Mikova. Pendant les interviews, elle a abordé tous les sujets : le travail, la sexualité, l'éducation ou encore la maternité. Des sujets plus violents sont aussi au centre du documentaire comme le viol de guerre ou l'excision. "Là, on a été à la rencontre des femmes qui ont vécu ça", raconte-t-elle.

Des interviews très intimes

Les interviews des femmes sont "très intimes", face caméra et le visage découvert. "Il fallait qu'elles soient faites par des femmes", estime le co-réalisateur Yann Arthus-Bertrand. Les femmes exposent leurs histoires à la première personne. Parfois, ça a eu pour elles "un aspect un peu thérapeutique". "Je pensais que ce film devait être fait par des femmes, et c'est pour ça que j'ai demandé à Anastasia de m'accompagner sur ce projet et d'ailleurs, je l'ai laissée beaucoup, beaucoup faire", certifie le photographe.

Pour les réalisateurs, la parole des femmes se libère de plus en plus. Ça a commencé avant la vague #Metoo. "Les femmes étaient déjà prêtes", affirme Anastasia Mikova. Elle poursuit : "Ce qui est fort, c'est que très souvent les femmes nous parlent de la honte. Très souvent, elles nous disent : 'vous savez je vous parle aujourd'hui, mais moi ça fait vingt ans que je garde ça pour moi. Ces femmes, aujourd'hui, disent 'je ne veux plus penser aux autres, je ne veux plus penser au regard de la société, je veux penser à moi.'"

La honte ne doit plus être de ce côté-là, il ne faut plus qu'elle soit du côté des victimes

Anastasia Mikova, co-réalisatrice de "Woman"

à franceinfo

Ce qui s'est passé aux César, quand Adèle Haenel a quitté la salle, est une illustration de cette libération. "Il y a quelque chose qui s'est passé qui n'était pas normal. Il y a quelque chose qui n'était pas dans le sens de l'histoire", juge d'ailleurs Yann Arthus-Bertrand.

Ce documentaire est aussi filmé pour les hommes et pour le réalisateur, ça a été une prise de conscience. "J'ai compris toutes les épreuves que doit traverser une femme dans sa vie. C'est vrai que je regarde les femmes de ma vie d'une façon différente. J'ai un peu de honte en moi, je n'ai peut-être pas assez respecté les femmes de ma vie. Je ne le dis pas avec fierté", regrette-t-il. Anastasia Mikova espère que, pour les hommes, "ça sera plutôt une porte qui va s'ouvrir sur un monde qu'ils ne connaissent pas." Anastasia Mikova l'assure : "J'espère que ça sera une claque très positive pour beaucoup d'hommes." 

Les revenus du documentaire reversés à une association

Les revenus du film vont être entièrement reversés à une association pour aider les femmes à intégrer des études de journalisme ou de cinéma. L'objectif est de continuer et encourager cette prise de parole des femmes. Les réalisateurs espèrent aussi pouvoir présenter des vidéos dans les écoles pour aborder de manière pédagogique ce sujet avec les plus jeunes.

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