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Violences sexuelles à CentraleSupélec : sur le campus de l'école d'ingénieurs, les étudiants sidérés

Une enquête a été ouverte après qu’une centaine d'étudiants de la prestigieuse école d’ingénieurs ont déclaré avoir été victimes de viols ou d'agressions sexuelles au cours de l'année scolaire précédente.

Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le campus de CentraleSupélec, à Saclay, le 31 août 2017. (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)

"J’ai été vraiment surpris par l’ampleur de tout cela et cela m’a extrêmement choqué" : voilà ce que répètent sur le campus de CentraleSupélec, jeudi 7 octobre, la majorité des étudiants interrogés, alors qu’une enquête a été ouverte par le parquet d'Évry sur des soupçons de viols, d'agressions sexuelles et de harcèlement sexuels commis sur le campus francilien de la prestigieuse école d'ingénieurs.

L’enquête fait suite à un signalement de la direction de l'école de Gif-sur-Yvette dans l'Essonne qui se base sur les résultats d'un questionnaire mis en ligne auprès de près de 2 400 étudiants. D'après les résultats, une centaine d'étudiants déclarent avoir été victimes de viols ou d'agressions sexuelles au cours de l'année scolaire 2020-2021. Soixante-quatorze autres disent avoir subi du harcèlement sexuel. "Je ne m’attendait pas à ce que ces chiffres soient si hauts", confie Alex, un élève en première année, abasourdi, comme Victoire, en master.

"Ce qui est inquiétant c’est que malgré les campagnes de prévention et les accompagnements proposés, ces actes arrivent encore et que la parole ne se soit pas libérée plus tôt."

Victoire, étudiante en master

à franceinfo

Les faits sont graves : parmi les victimes, vingt femmes et huit hommes ont déclaré avoir subi un viol. Des actes commis dans la majorité des cas par d'autres élèves et dans la résidence étudiante, gérée par un bailleur privée selon la direction.

L'alcool et les soirées clandestines pointés du doigt

Bertille et Ouma ne sont pas surprises. "La majorité se fait en soirée : l'alcool peut aussi permettre à ces actions-là de se dérouler", estime la première. "L'année dernière, complète la seconde, avec le confinement, les soirées, étaient un peu clandestines et se faisaient en résidence au lieu de se faire dans les bâtiments où elles sont encadrées et prises en charge", poursuit-elle. "Il y avait donc beaucoup moins de contrôles que lors des grosses soirées, pour lesquelles la direction est au courant,  il y a des personnes formées aux violences sexistes et sexuelles qui peuvent encadrer les soirées."

"On est quand même dans une école à 80% constituée de garçons, donc c'est choquant mais pour moi, ce n'est pas non plus étonnant..."

Bertille

à franceinfo

"Aucun contexte ne peut justifier ces actes, fulmine Mohamed. Je trouve que c'est juste inadmissible. Les personnes sont supposées être maîtres d'elles-mêmes. Toute personne ayant participé de proche ou de loin à ces actes devrait être traînée en justice."

La justice permettra peut-être d'identifier les victimes et les potentiels agresseurs. Les témoignages sont pour l'instant tous anonymes. "Le but du questionnaire est aussi de dire aux victimes qu'on les croit et qu'on les croira si elles décident de donner suite, souligne Ibtissem Hamich, présidente de l'association Çapèse, qui a réalisé l'enquête. Si le questionnaire donne la force ou l'envie à certaines personnes de s'exprimer et de dire ce qu'elles ont subi, je pense que l'école est prête à les accompagner et l'affaire sera suivie." L'école se portera partie civile pour tout dépôt de plainte.

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