: Vidéo "Tant qu'on ne brisera pas ce schéma, ça continuera" : Magali a fait de la lutte contre l'inceste la mission de sa vie
La Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) a été créée en janvier 2021 sur le modèle de la commission Sauvé sur les abus sexuels dans l’Eglise. En un an, des milliers de victimes ont apporté leur témoignage. "Envoyé spécial" a été autorisé à filmer une réunion publique organisée par la commission, en présence de ses coprésidents. Voici un extrait du témoignage de Magali, 27 ans.
Avant les viols qu'elle dénonce, "ça a vraiment commencé par des attouchements, en fait. J'ai senti qu'il y avait quelque chose qui n'était pas... normal, je ne savais pas si je devais considérer ça comme un jeu… C'était tout le temps, en fait. Tout le temps. Je ne pourrais pas dire la fréquence, mais peut-être, déjà, toutes les semaines, à n'importe quelle heure de la journée, pendant quasiment… pendant six ans, à peu près."
L'inceste que lui aurait fait subir son frère aîné depuis ses 5 ans et qu'elle décrit aujourd'hui devant les coprésidents de la Ciivise, Magali dit en avoir parlé à sa mère quand elle avait 16 ans. Mais celle-ci ne l'aurait pas crue. C'est plus tard, à l'âge de 23 ans, que la jeune femme a porté plainte : "Ce qui m'a fait me réveiller, c'est de me rendre compte que j'allais devenir tata. (...) Hors de question qu'on puisse toucher à mon neveu et ma nièce [les enfants d'un autre frère]." Elle explique que "briser l'omerta" est alors devenu pour elle une "mission", son "combat" : il est "hors de question que ça se reproduise", "il faut que ça cesse."
"Mettre les vérités sur la table"
Aujourd'hui, Magali dit être soutenue par son père, à qui elle a fini par révéler ces accusations, que son frère n'aurait pas niées – ce qui lui a "enlevé un poids", dit-elle. Il est à l'heure actuelle toujours présumé innocent. Ce qu'elle attend aujourd'hui de la justice ? "Etre reconnue, que ce soit acté". Et peut-être aussi de "faire sortir des cadavres" des placards, "qu'on arrête de faire semblant dans la famille"…
Car, raconte Magali, "c'est vraiment un cercle, l'inceste". Souvent un secret de famille qui remonte "de la fille à la mère, de la mère à la grand-mère... Ça ne vient pas comme ça du jour au lendemain, ça laisse des traces sur toutes les générations qui vont suivre, et tant que quelqu'un n'aura pas brisé ce schéma, ce tabou, ça continuera".
Extrait de "Inceste : ne plus se taire", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 22 septembre 2022.
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