Rétrospective Polanski à la Cinémathèque : "Les films sont perpétuels, en dépit de certains zinzins", déclare le réalisateur
Perturbée par une manifestation de féministes, la rétrospective consacrée à Roman Polanski à la Cinémathèque française a malgré tout débuté lundi soir à Paris en présence du réalisateur.
Malgré la manifestation de quelques dizaines de personnes à l'appel d'associations féministes, la rétrospective consacrée à Roman Polanski à la Cinémathèque française, à Paris, a débuté lundi 30 octobre en sa présence. Depuis 1977, le nom du réalisateur franco-polonais est associé à une affaire de viol sur mineure, dans laquelle il est poursuivi aux États-Unis.
Depuis que le scandale Weinstein a éclaté, le cas Polanski revient en force. Mais lundi soir, Frédéric Bonnaud, le directeur de la Cinémathèque, a accueilli le public comme si de rien n'était. Pourtant, quelques minutes auparavant, l'arrivée de Roman Polanski a été perturbée par deux Femen. Poitrines nues, elles ont vite été évacuées par les vigiles. À peine le temps de scander "pas d'honneur pour les violeurs". C'est la question du soir qui restera sans réponse.
Pas question de modifier le programme
Frédéric Bonnaud a refusé les interviews et s’est contenté de quelques allusions : "Je voulais vous dire qu’évidemment, nous n’avons rien changé au programme prévu…" Et c'est bien avec les honneurs, photocall, public conquis, que Roman Polanski a ouvert cette rétrospective. À l'abri des manifestants, les sourires sont un peu crispés, l'affaire n’est jamais loin.
Les films sont perpétuels, en dépit de certains zinzins"
Roman Polanskià franceinfo
Les "zinzins", comme les appelle Polanski, sont-ils des censeurs ? Le président de la Cinémathèque française, Costa Gavras, est sans détour : "Il n’a jamais été question une seconde, précise-t-il, de renoncer à cette rétrospective sous la pression de je ne sais quelle circonstance étrangère à la Cinémathèque, comme à Roman Polanski. Il y a des amalgames des plus douteux et des plus injurieux."
Une rétrospective "comme il y en a eu tant"
Étrange soirée, où le malaise est palpable et le débat impossible. Frédéric Bonnaud ne disant rien, on se retourne vers l'ancien directeur des lieux, Serge Toubiana. "Nous ne déroulons pas le tapis rouge, assure-t-il. C’est une rétrospective comme il y en a eu tant. (…) On honore un cinéaste comme on a honoré des centaines de cinéastes (...) Je ne suis pas venu pour manifester, je suis venu pour voir un film."
Polanski fait partie de cette centaine de cinéastes dont l’œuvre mérite d’être revue tout le temps.
Serge Toubiana, réalisateurà franceinfo
Honorer un cinéaste ou son œuvre ? Avec ou sans tapis rouge, c'est bien le cinéaste qui a été honoré lundi soir, ce qui choque une jeune génération qui commence dans le cinéma avec l'envie de voir d'autres pratiques à l'œuvre.
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