Le plasticien Claude Lévêque soupçonné de viols sur mineur : l'un de ses accusateurs espère donner "le courage à d’autres victimes de témoigner"
Laurent Faulon, sculpteur de 51 ans, dit avoir été violé par l'artiste de 67 ans entre ses 10 et 17 ans, tout comme ses deux frères. Il espère la tenue d'un procès pour "des victimes qui ont subi des crimes qui ne sont pas prescrits".
Le plasticien Claude Lévêque, 67 ans, est visé par une enquête pour viols et agressions sexuelles sur mineurs ouverte à la suite d'accusations d'un sculpteur de 51 ans qui dit en avoir été victime avec ses deux frères, a indiqué lundi 11 janvier le parquet de Bobigny. Cette enquête a été ouverte au printemps 2019.
"Une dizaine d'autres cas similiaires"
Ce sculpteur, Laurent Faulon, a témoigné jeudi sur franceinfo. Si les actes dont il dit avoir été victime risquent d’être prescrits, il explique avoir décidé de "s’exposer publiquement dans l’idée que peut-être cela donnerait le courage à d’autres victimes de témoigner". "J’attends qu’il y ait un procès pour des victimes qui ont subi des crimes qui ne sont pas prescrits", a-t-il ajouté, indiquant avoir déjà été contacté par d’autres victimes potentielles. Au total, Laurent Faulon évoque "une dizaine d’autres cas similaires au mien, soit parce que je les ai vus, soit parce que Lévêque lui-même me les a racontés".
Laurent Faulon dit avoir subi des agressions sexuelles de la part de Claude Lévêque entre 10 et 17 ans. "À mes 10 ans, j’ai subi mes premiers attouchements, et à 13 ans, des premières pénétrations, et ce jusqu’à l’âge de 17 ans. J’allais pendant toutes les vacances scolaires chez lui ou dans sa maison de campagne ou dans des hôtels lorsqu’il était hébergé pour faire des expositions", a-t-il expliqué.
"J’étais tellement sous l’emprise et je n’avais pas d’autres modèles. C’est ça qui est très douloureux dans les cas de pédophilie de ce type".
Laurent Faulonà franceinfo
"J’ai grandi avec un système de valeurs morales qui était complètement faussé, offert, juste pour légitimer ses actes, poursuit Laurent Faulon. Je pensais que c’était normal, et comme je savais que mes frères avaient vécu des choses similaires, et que je suis le plus petit, quand ça m’est arrivé, je pensais que j’étais l’élu moi aussi."
Un "mal-être persistant" depuis l'enfance
Le sculpteur a aussi expliqué, sur franceinfo, pourquoi il avait décidé de porter plainte après toutes ces années, en janvier 2019. "C’est un concours de circonstances", raconte-t-il. "Je me suis cassé la cheville et j’ai été immobilisé pendant deux mois. Je me suis mis à ruminer le mal-être persistant que j’éprouve depuis mon enfance. J’ai toujours eu des pensées suicidaires mais là ça devenait vraiment inquiétant. Du coup j’ai décidé de prendre deux décisions cruciales : de ne plus taire le secret qui encombre ma vie depuis que j’ai l’âge de 10 ans en en parlant à mes proches et de contacter un centre de traitement des séquelles d’abus sexuels."
Au fil de ces séances et des confidences faites à ses proches, Laurent Faulon explique s'être aperçu que cette démarche le conduisait "inévitablement à devoir porter plainte, en espérant trouver une forme de réparation par cette plainte et puis pour m’enlever une certaine culpabilité." Estimant que la justice n’allait pas assez vite, il a décidé de témoigner dans la presse ces jours-ci. Contacté par franceinfo l'avocat de Claude Lévêque dénonce des accusations diffamatoires.
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