Le hashtag #MeTooGarçons, lancé par le comédien Aurélien Wiik, émerge sur les réseaux sociaux

"J'ai été abusé par mon agent", témoigne l'acteur sur Instagram. "Je l'ai envoyé en prison. C'est possible", écrit-il encore, appelant les victimes à porter plainte.
Article rédigé par franceinfo
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L'acteur Aurélien Wiik, au Festival de Cannes, le 20 mai 2014. (LOIC VENANCE / AFP)

Un témoignage accompagné de la photo d'un garçon, à la moustache dessinée au crayon. Jeudi 22 février, à la veille des César 2024, l'acteur Aurélien Wiik a lancé sur Instagram le hashtag #MeTooGarçons, partageant son expérience dans le milieu du cinéma. L'acteur de la série Munch et de Tout cela je te le donnerai, aujourd'hui âgé de 43 ans, y raconte avoir été abusé par son agent lorsqu'il était mineur. Aurélien Wiik appelle aujourd'hui "garçons et filles" à "parler" et "agir" en déposant plainte.

Dans sa story Instagram, Aurélien Wiik se livre. "J'avais 11 ans. De mes 11 ans à mes 15 ans. J'ai été abusé par mon agent et d'autres membres de mon entourage. J'ai porté plainte à mes 16 ans car il le faisait à d'autres", raconte l'acteur, évoquant des "agressions", du "harcèlement" et des "tentatives de viol". Au procès, "on était plusieurs gamins", poursuit-il. L'agent d'Aurélien Wiik a été condamné à cinq ans de prison. "Je l'ai envoyé en prison [...] C'est possible", témoigne le comédien, pour qui "la reconnaissance du statut de victime est importante". "Ça aide à se reconstruire", explique-t-il.

"Encourager les autres"

"Les garçons du cinéma se réveillent" prévient Aurélien Wiik. "Votre tour viendra. Vous savez qui vous êtes", lance-t-il à destination de ceux qui profitent de leur statut dans le milieu du cinéma pour abuser de jeunes acteurs, avant d'encourager les victimes à prendre la parole avec le #MeTooGarçons et à agir en portant plainte.

"Si j'ai vécu ces histoires dans ce métier, c'est que beaucoup d'autres en ont vécu."

Aurélien Wiik, acteur

sur Instagram

L'acteur témoigne aussi de "dîners piégés organisés par des vieux avec plusieurs mineurs" ou encore de proposition de rôles "en échange de faveurs". Contacté par Le Parisien, le comédien affirme être en train de rassembler d'autres témoignages avant de prendre plus amplement la parole. "Je me suis exprimé sur les réseaux pour encourager les autres à signaler leurs histoires", explique-t-il.

Alors pour recueillir et recenser ces témoignages, le directeur de casting Stéphane Gaillard a créé l'adresse metooacteur@gmail.com. "Les garçons du cinéma parlent. Si tu as été victime, je viens de créer une adresse mail où tu pourras te raconter dans l'anonymat absolu. Je te lirai et te répondrai", écrit-il aussi sur Instagram.

"Continuez à vous exprimer"

Sur les réseaux sociaux, les témoignages en réaction à la prise de parole d'Aurélien Wiik n'ont pas tardé à pleuvoir. Et ils ne se limitent pas qu'au milieu du cinéma. "J'ai enfin porté plainte contre la femme qui m'a violé pendant 4 ans quand j'étais petit. Oui, les femmes aussi" ; "C'était l'année dernière, je me suis réveillé avec des doigts en moi [...] depuis j'ai super peur de dormir avec quelqu'un" ; "Ça m'est arrivé quand j'avais 18 ans avec mon ex-copain, j'étais en PACES et j'en suis encore traumatisé", racontent des dizaines de comptes, anonymes ou non, avec le hashtag #MeTooGarçons, sur le réseau social X.

Et des personnalités prennent elles aussi la parole. "On ne guérit pas d'avoir été une victime, mais on peut se réparer, lentement, et même devenir député. J'ai été abusé de mes 3 à 4 ans par un prédateur, mort depuis, donc sans possibilité d'avoir justice", rapporte le député Andy Kerbrat, élu de La France insoumise dans la 2e circonscription de Loire-Atlantique. "Des gens vous croient et vous aiment (ce qui a été mon cas grâce à mes parents). Vous réaliserez de grandes choses donc continuez à vous exprimer. Si vous le pouvez, allez en justice", encourage-t-il.

Les messages de soutien aux hommes victimes d'abus qui prennent la parole sont très nombreux, de la part d'autres hommes comme de femmes. "Tout mon soutien à ceux qui témoignent avec le #MeTooGarçons, je vous crois", écrit ainsi la militante Marie Coquille-Chambel, à l'origine de #MeTooTheatre, sur X. Mais si les langues se délient pour certains, beaucoup de bouches restent cousues. "De toute évidence pas prêt à en parler mais #MeTooGarçons. Content que le mouvement soit lancé", témoigne un internaute.

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