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Cyber-harcèlement : la polémique autour du site Jeuxvideo.com en cinq actes

Après les milliers de messages malveillants contre le "numéro anti-relous" et la journaliste Nadia Daam, venant notamment d'utilisateurs d'un forum de Jeuxvideo.com, le propriétaire du site s'engage à s'associer aux procédures judiciaires à leur encontre. 

Article rédigé par franceinfo
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La journaliste Nadia Daam, au sein de la rédaction de l'émission "28 minutes" d'Arte, le 15 octobre 2012.  (GHNASSIA ANTHONY / SIPA)

Le groupe Webedia s'engage, après les milliers de menaces provenant de plusieurs de ses utilisateurs contre le "numéro anti-relous" et la journaliste Nadia Daam. Le propriétaire du site Jeuxvideo.com annonce, dans un communiqué publié dimanche 5 novembre, qu'il s'associera aux procédures judiciaires engagées contre les auteurs de ces messages malveillants.

Plusieurs utilisateurs du forum "Blabla 18-25" de Jeuxvideo.com ont en effet envoyé massivement des messages menaçants, à l'encontre du service de lutte contre le harcèlement sexuel "numéro anti-relous" et de la journaliste Nadia Daam. Webedia, éditeur de Jeuxvideo.com, réagit après avoir été accusé de passivité face à ce cyber-harcèlement. Franceinfo revient sur la polémique en cinq actes. 

Acte 1 : Nadia Daam dénonce le cyber-harcèlement contre le "numéro anti-relous"

Chroniqueuse pour Europe 1, la journaliste Nadia Daam revient, mercredi 1er novembre, sur les "16 000 messages malveillants" envoyés sur le "numéro anti-relous", un service visant à sensibiliser au harcèlement sexuel. Face à un tel harcèlement, le dispositif a dû être désactivé temporairement : Nadia Daam décide donc de dénoncer ces faits dans sa chronique. 

La journaliste cible les membres du forum "Blabla 18-25 ans", hébergé sur le site Jeuxvideo.com. Plusieurs de ces internautes sont à l'origine d'une campagne de cyber-harcèlement contre le "numéro anti-relous". Elle condamne ainsi "des gens dont la maturité cérébrale n'a pas excédé le stade embryonnaire". "A ce stade-là, ce n'est pas 'balance ton porc', mais balance toute la chaîne de fabrication des jambons Madrange, couenne comprise, lance la journaliste. Ces gens se sont fixé une mission : harceler, menacer et décourager la moindre initiative féministe."

Acte 2 : la journaliste reçoit de nombreuses menaces

Après cette chronique, Nadia Daam fait l'objet de nombreuses insultes et menaces sur les réseaux sociaux. Mais ce n'est pas tout : la journaliste "a été physiquement menacée, on a essayé d'infiltrer sa boîte mail", dénonce Philippe Vandel lors de l'émission "Village Médias", jeudi 2 novembre sur Europe 1. "Nadia a porté plainte", annonce l'animateur. 

Le lendemain, Europe 1 décide à son tour de porter plainte pour "menace de crime contre les personnes". Nadia Daam a reçu des "menaces de mort, menaces de viol, menaces sur son enfant", écrivent des journalistes dans une lettre de soutien, publiée par Libération. Les auteurs de cette lettre précisent que leur consœur a subi "une tentative d'intrusion à son domicile au milieu de la nuit". 

Face à ces menaces, la secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, s'engage à son tour. Sur Twitter, vendredi 3 novembre, elle annonce avoir "demandé à @Twitter et à @WebediaFR de prendre leurs responsabilités pour que cesse le cyber-harcèlement".

Acte 3 : Webedia double le nombre de ses modérateurs

Ce même jour, l'éditeur Webedia, propriétaire de Jeuxvideo.com, annonce un doublement des "ressources humaines de modération". Cédric Page, le directeur de la division "gaming" du groupe, assure à l'AFP que depuis mercredi soir, les sujets évoquant Nadia Daam, des militants féministes et le "numéro anti-relous" "sont systématiquement effacés en prévention". Le groupe "réitère fermement sa condamnation de tels actions et propos", martèle Cédric Page. 

Webedia a fait l'objet de vives critiques. Elliot Lepers, cofondateur du "numéro anti-relous", avait dénoncé quelques jours plus tôt un "silence [qui] a trop duré" de la part de l'éditeur. Interrogé par franceinfo, Cédric Page s'était alors défendu de toute passivité, assurant "qu'en tant qu'hébergeur de Jeuxvideo.com, [Webedia prend] toutes les mesures possibles pour empêcher que ce type d'action soit organisé sur [ses] forums". 

Acte 4 : plusieurs marques suspendent leurs publicités sur Jeuxvideo.com

Après #Balancetonporc, #Balancetonforum. Samedi 4 novembre, la féministe Sophie Gourion appelle, sur Twitter, à interpeller les marques qui diffusent leurs publicités sur le site de Webedia. "Pour que la peur change de camp, tapons au portefeuille", lance-t-elle. 

Selon LCI, deux annonceurs ont déjà dit leur souhait de suspendre toute publicité sur Jeuxvideo.com. Le fabricant de pâtes Barilla a annoncé à la chaîne d'information que sa campagne de pub sur le site était déjà suspendue. Apicil, un groupe de protection sociale, a indiqué mettre "tout en œuvre pour suspendre" ses publicités sur la plateforme. 

Acte 5 : Webedia s'associe aux plaintes

Dimanche 5 novembre, Webedia réagit une nouvelle fois. L'hébergeur de Jeuxvideo.com annonce, dans un communiqué, sa volonté de s'associer "aux procédures judiciaires engagées à l'encontre des auteurs de cyber-harcèlement". Le groupe, géant du web, s'engage ainsi dans des poursuites visant, en partie, plusieurs de ses utilisateurs. 

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