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Après le suicide de l'étudiant de Nanterre qui avait accusé un élu de viol, sa famille saisit le parquet de Paris pour "violences volontaires"

À l'origine du mouvement #MeTooGay, Guillaume T. avait dénoncé sur Twitter des faits de viols remontant à 2018, à l'encontre d'un élu communiste de la mairie de Paris et de son conjoint.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les hommages à Guillaume T. se multiplient sur le campus de Nanterre (Hauts-de-Seine), le 11 février 2021. (JACOPO LANDI / NURPHOTO)

La famille de Guillaume T., jeune militant de 21 ans qui avait accusé un élu communiste de viol et qui a été retrouvé pendu mardi 9 février dans sa chambre sur le campus de Nanterre (Hauts-de-Seine), annonce "saisir le parquet de Paris d'une plainte contre X pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner", indique-t-elle dans un communiqué lundi 15 février.

Le 21 janvier, le jeune homme avait dénoncé publiquement des faits de viol remontant à octobre 2018 sur Twitter, visant Maxime Cochard, élu PCF du XIVe arrondissement de Paris, et son conjoint. Maxime Cochard avait immédiatement dénoncé "une accusation totalement fausse". Le parquet de Nanterre a ouvert une enquête pour recherche des causes de la mort, dont les premiers éléments n'établissent aucun lien entre les accusations de viol et la mort de l'étudiant.

"Il n'avait pas encore décidé de porter plainte, il avait 20 ans pour le faire, mais déjà, une menace de procès en diffamation avait été brandie", rappelle la famille, qui précise que Guillaume, âgé de 20 ans, "avait ouvert les yeux sur cette histoire. Il était déterminé, combatif et prêt à s'expliquer devant la justice."

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"Guillaume avait dénoncé des abus de nature sexuelle susceptibles d'être qualifiés de viol, qui peuvent constituer des violences, poursuit la famille dans son communiqué. Les personnes mises en cause ont répliqué non pas par la voie judiciaire comme elles l'ont d'abord prétendu mais d'abord par la voie médiatique pour décrédibiliser, discréditer et dénigrer Guillaume, ce qui pourrait constituer une autre violence".

"Certains journalistes et certains médias enfin ont fait le choix de traiter cette affaire comme un banal fait divers, sans aucun contradictoire, et au mépris de certaines règles de précaution élémentaire au regard de la jeunesse de leur interlocuteur mais aussi de la situation de Guillaume, qui était celle de nombreux étudiant.e.s actuellement due à la pandémie de Covid à savoir : le confinement, le couvre-feu, de la distance et de l'isolement", dénonce enfin la famille.

On pense qu’il y a vraisemblablement une responsabilité extérieure dans le geste de Guillaume

Maître Élodie Tuaillon-Hibon, avocate de la famille de Guillaume T.

à franceinfo

"On sait très bien que ça va très mal en ce moment pour les étudiants, ceux qui sont dans leur petite piaule du Crous", explique maître Élodie Tuaillon-Hibon, l’avocate de la famille du jeune homme, sur franceinfo. 

"La partie adverse a tapé sur Guillaume à bras raccourcis d’une manière qui mérite interrogation. Pour ses proches, c’est évident qu’il y a quelque chose de l’ordre du déclencheur, poursuit-elle. Sa dénonciation a été traitée vraiment sans égard y compris par des médias qui peuvent être volontiers homophobes. Ça l’a vachement affecté"


Si vous avez besoin d'aide, si vous êtes inquiet ou si vous êtes confronté au suicide d'un membre de votre entourage, il existe des services d'écoute anonymes. La ligne Suicide écoute est joignable 24h/24 et 7j/7 au 01 45 39 40 00. D'autres informations sont également disponibles sur le site du ministère des Solidarités et de la Santé.

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