Abbé Pierre : quatre questions sur l'ouverture anticipée des archives de la Conférence des évêques de France
Avec un demi-siècle d'avance, la Conférence des évêques de France (CEF) décide de rendre publiques les archives concernant l'abbé Pierre. L'institution a fait cette annonce jeudi 12 septembre après les dernières révélations d'agressions sexuelles contre l'abbé Pierre. Concrètement, ces archives sont consultables dès à présent.
Qui peut consulter ces archives ?
Il est en tout cas possible d'en faire la demande auprès du Centre national des archives de l'Église de France, mais ces archives ne sont pas ouvertes à tout le monde. Seules les personnes habilitées peuvent demander à les consulter, à savoir des chercheurs, des membres de la commission indépendante lancée par Emmaüs pour faire la lumière sur les agissements de l'abbé Pierre, ainsi que des journalistes qui travaillent sur cette affaire. Au sein de la Conférence des évêques, on explique avoir déjà reçu de nombreuses demandes depuis jeudi matin.
Ces demandes seront triées et une fois le feu vert obtenu, les chercheurs, les journalistes, les enquêteurs d'Emmaüs pourront se rendre au Centre national des archives de l'Église. Les locaux sont situés à Issy-les-Moulineaux, dans les Hauts-de-Seine, au sud de Paris.
Pourquoi les archives ont été rendues publiques plus tôt ?
Les archives auraient dû être rendues publiques en 2082, c'est-à-dire 75 ans après la mort de l'abbé Pierre. C'est le délai prévu par les règlements de la Conférence des évêques pour les dossiers qui contiennent des informations relatives à la vie privée, à la carrière ou à l'intimité des personnes. Mais au vu de la gravité des révélations successives concernant l'abbé Pierre, la CEF a pris la décision de lever ce "délai de communicabilité". Les archives sont donc ouvertes 17 ans seulement après la mort du créateur d'Emmaüs.
Que contiennent-elles ?
Ces archives contiennent un dossier "assez mince", assure le président de la Conférence des évêques de France, Mgr de Moulins-Beaufort. Il y a quelques lettres qui montrent que le bureau central des cardinaux de l'époque avait connaissance du comportement de l'abbé Pierre et c'est à peu près tout. Il faut savoir que les archives de l'église, et donc celles qui concernent l'abbé Pierre, ne sont pas toutes au même endroit. Il y a celles de la Conférence ses évêques donc, mais l'essentiel des archives de la carrière religieuse de l'abbé Pierre est conservé par le diocèse de Grenoble, auquel il a été rattaché quasiment toute sa vie.
Le diocèse de Grenoble et Emmaüs vont-ils aussi rendre accessibles leurs propres archives ?
On ne sait pas encore si le diocèse isérois va ouvrir ses propres archives, mais l'évêque de Grenoble a d’ores et déjà annoncé qu'une lettre datant de 2005 avait été retrouvée, une lettre accusant l'abbé Pierre d'agression sexuelle. L'évêque de Grenoble précisait il y a quelques jours qu'il ne pouvait pas donner la lettre à la presse ou aux associations pour respecter l'intimité de la victime potentielle, mais qu'il la tenait à disposition de la justice et des enquêteurs d'Emmaüs.
Et le dernier endroit à conserver des archives de l'abbé Pierre, c'est Emmaüs, justement. L'abbé a vécu au sein de cette communauté où est conservé l'essentiel de ses archives. Emmaüs ne s'est pas exprimé à ce sujet pour l'instant mais a promis la transparence avec un dispositif d'écoute pour les victimes, ainsi que la fameuse commission indépendante chargée de faire la lumière sur les agissements de l'abbé Pierre.
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