: Reportage "Il faudra la reconstituer à l'identique", une chambre d'un "Poilu" mort au combat restée intacte durant 100 ans va déménager
"Sur le lit, il y a encore son képi avec le casoar de Saint-Cyr." Michel Jouanneau, conseiller municipal de Bélâbre, présente une chambre à part. Une chambre de "Poilu", figée dans le temps depuis plus d’un siècle, dans une maison à Bélâbre, un village en pleine Brenne, dans le sud-ouest de l’Indre. C’était celle d’Hubert Rochereau, un soldat mort le 26 avril 1918, d’un éclat d’obus dans la tête pendant la Première Guerre mondiale. Il avait 21 ans. Le chagrin était si immense pour ses parents qu’ils ont décidés d’une clause : après leur mort et pendant 500 ans, cette chambre devra rester intacte.
Cette chambre va désormais déménager, une manière pour les nouveaux propriétaires de respecter ce souhait et de mieux la préserver la pièce. Les propriétaires, encore installés à Paris, ont confié les clés de la maison à Michel Jouanneau. Pour ce conseiller municipal, l'"objet le plus émouvant" est la première plaque du cercueil d'Hubert Rocherau. Au dos de cette plaque, le père a retranscrit les dernières heures du jeune soldat.
Rien n'a été déplacé durant ces longues années, mais aujourd'hui, il faut protéger cette pièce et ses objets. "Aujourd'hui, certains habits sont attaqués par les mites, car il n'y a pas eu de protection durant un siècle. Les nouveaux propriétaires ont commencé à mettre de l'anti-mite."
Une clause plus légale
Les propriétaires peuvent de nouveau toucher à cette chambre, car la fameuse clause n'est plus légale. "Il était clair que l'on n'aurait pas signé l'achat de la maison si on n'était pas sûr qu'il était possible de sortir cette chambre de la maison", explique le propriétaire. "Quand on a vu la charge historique de cette pièce, il était inconcevable pour nous que cette chambre soit démantelée et les objets dispersés." Pour préserver ce patrimoine. Le propriétaire a donc confié les 500 objets de cette chambre à la mairie.
L'objectif est de faire découvrir cette chambre
Le propriétaire de la chambre du "Poilu"à franceinfo
"Nous voulons numériser cette chambre pour pouvoir permettre à l'avenir de faire des visites virtuelles. Ensuite, il faudra la reconstituer à l'identique pour permettre de continuer, en dehors de cette maison, l'histoire de ce deuil impossible." Tous les objets vont être déménagés en août prochain, et stockés en attendant de trouver le bon endroit pour créer ce lieu de mémoire. La mairie de Bélâbre prévoit d'ailleurs de lancer un appel aux dons d'ici la fin de l'année pour l'aider à monter ce projet.
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