Guadeloupe : reprise des négociations
Interrompues depuis une semaine, les discussions entre les représentants des syndicats et du patronat et les deux médiateurs dépêchés sur place par le gouvernement ont repris après 16h00 (21h00 à Paris) dans les locaux du Port autonome à Pointe-à-Pitre. Ces négociations s'annoncent très difficiles. Peu avant 23h30, heure de Paris, les syndicalistes ont décide de faire une pause, face au fossé qui séparent leurs revendications des positions du patronat local.
Le leader du Collectif contre l'exploitation (LKP), Elie Domota, se rendant à la réunion, a réaffirmé sa volonté de "trouver un accord sur la base du préaccord du 8 février" , à savoir une hausse de 200 euros pour les bas salaires, compensée par un allègement de charges patronales de 108 millions d'euros à la charge de l'Etat, selon le collectif de grévistes. Il s'est montré extrêmement circonspect, jugeant "particulièrement floues" les propositions du chef de l'Etat.
La sortie de crise est loin d'être acquise, dans un climat de méfiance des syndicats, qui n'ont pour l'instant pas appelé à la reprise du travail afin de maintenir la pression. Demain, syndicats et partis de gauche appellent à participer à la manifestation organisée en "solidarité" avec les grévistes guadeloupéens. Plusieurs personnalités d'origine antillaise ont annoncé leur venue, comme l'athlète Marie-José Pérec ou le footballeur Lilian Thuram.
Nicolas Sarkozy, qui a promis d'agir pour ramener la paix civile et doit se rendre en Guadeloupe début avril pour y ouvrir des "états généraux", a annoncé un effort de l'Etat de 580 millions d'euros pour les départements d'outre-mer (DOM), dont une large part consacrée à un effort particulier sur le Revenu de solidarité active (RSA). C'est par ce biais que le gouvernement entend permettre une hausse de presque 200 euros des plus bas salaires (jusqu'à 1,4 fois le salaire minimum), qui concernerait 45.000 Guadeloupéens.
Le patronat aurait à accomplir une part de l'effort, sous la forme d'une prime exonérée de charges, d'un montant variable selon les entreprises, et qui serait versée par les employeurs pendant deux ans.
A l'issue du premier conseil interministériel sur l'outre-mer tenu vendredi, François Fillon a souhaité que le patronat fasse désormais "des propositions d'augmentation de salaire" en Guadeloupe, soulignant que sans accord entre partenaires sociaux, "la crise ne sera pas résolue".
Le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer Yves Jégo, qui a semblé en retrait ces derniers jours, s'est montré "prudent" quant aux chances de réussite de l'accord. Malgré la "bonne volonté" de l'Etat, "ce n'est pas parce que la solution est sur la table que l'accord est conclu", a-t-il dit sur Canal+. Nicolas Sarkozy se rendra dans l'île en avril.
Caroline Caldier avec agences
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